Un effondrement – Alexandre Duyck

Duyck Alexandre - Éditions : JC Lattès
8.5 / 10
2Commentaires

Quatrième de couverture :

Dans le cabinet d’un médecin, une femme s’effondre.
Sa maladie porte un nom connu : le burn-out sans que l’on sache exactement ce qu’il signifie. Une dépression ? Un surmenage ? Un vide immense ? Après le choc du diagnostic, Alexandre Duyck, son mari, qui est journaliste et romancier, cherche à comprendre comment la maladie a pu s’installer sans qu’il s’en rende compte et pourquoi le burn-out frappe les plus forts, les plus passionnés, les plus idéalistes. Mois après mois, il raconte l’évolution du mal, la patience et l’amour dont il faut s’armer, la lente reconstruction et l’espoir d’une vie différente, qui passera par l’apprentissage d’un nouveau métier.
Un effondrement est le récit délicat et bouleversant d’une bataille contre la maladie, qui oblige à voir le monde différemment, lorsqu’en particulier la vie craque, qu’il faut se relever, reconstruire.

 

“Depuis des jours, des semaines, ma femme, qui exerçait bravement la profession de travailleuse sociale, avait un mal de chien à partir travailler. Chaque matin, c’était comme si je la mettais dehors. Elle baissait la tête, baissait les épaules, ce qui n’était pas son genre et aurait dû m’alerter. Chaque pas lui coûtait, comme si elle portait des boulets d’esclave à ses fines chevilles. Elle reniflait. “Je suis ridicule, tu as raison.” Elle n’avait pas la force de descendre les trois étages à pied et appelait l’ascenseur. Ses pieds s’enfonçaient sur le palier, dans le parquet gris et sale, sables mouvants devant l’appartement. Chaque matin, nous jouions la même pièce, récitions le même dialogue, notre petit théâtre à nous, sans metteur en scène.”

 

Mon avis :

Mai 2019, je reçois l’appel d’un certain Alexandre Duyck, journalise pour M Le Monde, qui souhaite m’interroger sur mon activité de blogueuse. Au moment où nous échangeons des “banalités” au sujet du métier d’influencer, je ne peux imaginer ce qu’il se joue dans l’intimité d’Alexandre. Octobre 2020, l’auteur me recontacte pour me dire qu’il publie un livre, aux éditions JC Lattès. Un roman ? Non. Un effondrement

Après des années de routine professionnelle, de “métro-boulot-dodo”, après des heures incalculables à échanger, aider, soutenir, motiver, batailler, la femme d’Alexandre Duyck n’y arrive plus. Son corps ne suit plus. Il lâche, s’effondre, littéralement. Pas de symptômes majeurs, juste de la fatigue, un épuisement sans fin qui aboutissent au diagnostic médical : burn-out.

 

 

Dans un récit saisissant, Alexandre Duyck met en lumière les conditions de travail de sa femme, le surpassement de soi, la crise sociale à laquelle elle était confrontée chaque jour. Travailleuse sociale, c’est comme cela qu’elle se nomme. Surtout pas assistante. La femme d’Alexandre n’assiste pas. Le journaliste raconte le froid des locaux mal isolés qui oblige son épouse à se rendre aux toilettes en doudoune les mois d’hiver ; les prostituées ou les migrants qui se confient, déversent leur souffrance, sans filtre, même par téléphone ou par SMS à 23h.

Et puis, après l’arrêt médical qui tombe, il faut faire face aux regards de l’entourage. Comment croire à l’invisible ? Le burn-out est insidieux, il se glisse petit à petit, apparaît sans signes extérieurs. Pas de fièvre, pas d’eczéma, rien “de grave” diront certains… Simule-t-elle ? Fait-elle son cinéma ? C’est cette épreuve qu’Alexandre a couchée sur papier. Concrétiser la maladie, la faire exister à travers l’écriture, et peut-être, aussi, rapporter l’expérience à sa femme, qui a tout oublié de ces mois douloureux.

J’ai été touchée par les mots de l’écrivain, l’amour inconditionnel et le soutien qu’il porte à son épouse. Ce livre, intime et personnel, est une jolie déclaration. Un ouvrage court, qui bouleverse et relate avec authenticité la société actuelle.

Commentaires (1)
Gaëlle2020-10-29 09:39:05Répondre

Ça donne très envie !

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mademoisellelit2020-10-30 09:01:59Répondre

Je te le recommande vivement ;)

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