La chair des autres, Claire Berest : Mon avis
Le pitch ?
Le 2 septembre 2024, à Avignon, s’ouvre le procès de l’affaire des viols de Mazan, appelé également procès Pelicot. Durant près de 4 mois, le tribunal s’apprête à juger 51 hommes accusés d’avoir violé et agressé sexuellement Gisèle Pelicot, alors droguée par son mari Dominique Pelicot.
Mandatée par le journal Paris Match pour couvrir le procès, Claire Berest a suivi une partie des audiences. Elle raconte et tente d’explorer la question du mal.
Les points forts du livre
- un ton percutant : le talent d’écriture de Claire Berest tient dans la vivacité de sa plume. Dès les premiers mots, l’autrice nous prend par la main sans jamais nous lâcher. Les chapitres sont courts, le texte dynamique, le tout hyper addictif. Comme à mon habitude, j’ai dévoré La chair des autres en quelques heures, prise en apnée par la puissance du récit.
- un sujet d’actualité : en traitant ce fait divers, Claire Berest parle en réalité de Gisèle Pelicot, devenue, en France et dans le monde, une véritable icône féministe. Un sujet brûlant, touchy, qui fascine autant qu’il bouleverse. La chair des autres renvoie à notre mémoire collective.
- un témoignage rare : si la médiatisation du procès a été exceptionnelle, peu de privilégiés ont pu entrer dans l’arène du tribunal. Claire Berest a vu, entendu, écouté, observé. D’une certaine façon, ses détails viennent assouvir notre curiosité. Si nous les avions oubliées, dorénavant les horreurs subies par Gisèle Pelicot sont inscrites noir sur blanc. Mais en les partageant, le mal pourra-t-il arrêter d’être propagé ?
Ce que j’ai moins aimé
- l’absence d’analyse : le bandeau de l’ouvrage nous promet une « exploration du mal », j’y ai lu une réflexion intéressante. L’écrivaine rapporte, retranscrit, s’insurge parfois, mais la dissection s’arrête là.

En bref, le rapport fascinant d’une expérience, d’un vécu et d’un combat hors-norme. Un livre lu rapidement, mais peut-être vite oublié…
Mots-clés : affaire Pelicot, Mazan, procès, violences sexuelles, justice, actualité, société
Une citation : « Trouver la bonne distance est une question qui vous obsède quand vous écrivez et quand vous écrivez sur une tragédie réelle et non fictionnelle, advenue à d’autres, cette réflexion vous harcèle. Rien ne peut être parfaitement honnête, ni le proche ni le lointain. »
Quelques mots sur l’autrice : Claire Berest est une écrivaine française, née à Paris en 1982. Son premier roman, Mikado, est paru aux éditions Léo Scheer en 2011. Elle reçoit le grand prix de l’Héroïne Madame Figaro en 2018 pour le livre Gabriële, coécrit avec sa sœur Anne Berest. Et le grand prix des lectrices ELLE en 2020 pour son ouvrage Rien n’est noir.
À lire aussi : depuis la parution de Gabriële, je suis fidèle au travail de Claire Berest, mais mon avis diverge d’un livre à l’autre. Vous retrouverez mes différentes chroniques en cliquant sur les titres suivants : Gabriële, Rien n’est noir, Artifices et L’épaisseur d’un cheveu.
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Avez-vous déjà lu cette autrice ?
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