Reine de cœur, Akira Mizubayashi : Mon avis
Le pitch ?
Paris, 1937. Jun, jeune altiste japonais, est étudiant au Conservatoire. Il rencontre Anna, serveuse dans le bar de son oncle, et tous deux tombent amoureux. Trois ans plus tard, la guerre sino-japonaise oblige le musicien à rentrer au pays. Sur le quai de Marseille où attend le bateau, les adieux sont déchirants.
Paris, 2007. À la lecture du premier roman d’Otto Takosch, Mizumé est bouleversée. Jeune altiste elle aussi, la lectrice croit y reconnaître l’histoire de sa grand-mère Anna, qu’elle n’a jamais connue.
Les points forts du livre
- une ode à la musique : des mouvements comme noms de chapitres aux notes de Chostakovitch, en passant par l’alto des protagonistes, Akira Mizubayashi déploie un roman éminemment poétique et musical. À travers les destins croisés de Jun, Anna et Mizumé, Reine de cœur oppose la brutalité de la guerre à la pureté de la musique. L’auteur rappelle que l’art est une arme de lutte et d’espoir.
- une tonalité rythmée : d’une langue travaillée, le texte est tout de même vif et fluide. L’enquête menée entre les époques et les différents héros apporte une vrai dynamique. Les pièces du puzzle s’assemblent presque trop vite. J’ai quitté le livre avec regret.
- une double culture : de nationalité japonaise, Akira Mizubayashi vit en France depuis l’âge de 20 ans. Cette histoire, entre le Japon et son pays d’adoption, est probablement inspirée de sa propre identité. Son amour de la langue française transparaît dans la fiction.
- un renouvellement : si Reine de cœur fait écho au célèbre Âme brisée, l’auteur offre pour autant un roman bien distinct, à lire seul ou indépendamment de son prédécesseur. J’ai depuis découvert Suite inoubliable – qui vient compléter la trilogie -, et je peux vous confesser mon coup de cœur pour ce second opus.

En bref, un livre émouvant, violent et beau sur le déracinement, la séparation et la musique. J’ai été bouleversée par ces portraits entremêlés, et les liens invisibles qui les unissent.
Mots-clés : musique, Japon, guerre, alto, séparation, famille
Une citation : « Chacun arrive au monde en compagnie de sa seule solitude, portant au fond de soi l’empreinte d’un passé plus ou moins lourd à porter. C’est aussi en compagnie de sa seule solitude que chacun quitte le monde. Entre ces deux solitudes s’étend l’espace de la vie où il est peut-être possible de partager joies et peines de l’existence. »
Quelques mots sur l’auteur : Akira Mizubayashi est un écrivain japonais, né en 1951 à Sakata. Ses romans, tous publiés aux éditions Gallimard, sont écrits en français. En 2025, l’auteur a d’ailleurs reçu le Grand prix de la francophonie.
À lire aussi : dans Âme brisée, Akira Mizubayashi explore des thématiques similaires à Reine de cœur. Ma chronique est à retrouver par ici.
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