Revenir à Marimbault, Stéphanie Chaillou
Le pitch ?
Un coup de fil de son frère, deux jours plus tôt, avait amené Jean-Noël à prendre la route pour Marimbault. Un appel, l’informant de la dégradation de l’état de santé du père et l’invitant à venir, vite.
Après trente ans d’absence, Jean-Noël avait accepté au seul son de la voix de Michel. Malgré le passé, malgré le silence et les souvenirs d’enfance difficiles à effacer. Six jours à Marimbault, au cœur d’un été écrasant et d’une forêt menaçante.
Les points forts du livre
- un héros blessé : dans Revenir à Marimbault, Stéphanie Chaillou nous conte le retour d’un homme sur les terres familiales. De ces retrouvailles émanent les réminiscences du passé, insidieuses et dures. Avec les années, le temps n’est plus au pardon ni à la réconciliation, mais à l’apaisement. L’autrice déploie un personnage mutilé, qui a su se reconstruire loin des siens. J’ai été touchée par la résilience de Jean-Noël et sa relation avec son compagnon, David, discret mais indispensable.
- une langue, un décor : loin du roman à rebondissements, Revenir à Marimbault dépeint une ambiance. La poésie de l’écrivaine, la précision de ses descriptions et les chapitres courts et denses donnent un ton et un rythme uniques au texte. L’univers est prégnant et prenant.
- le récit d’un drame : au fil des jours, les causes du départ de Jean-Noël trente ans plus tôt se dessinent. Stéphanie Chaillou décrit l’horreur, l’humiliation, le mensonge et le poids de l’abandon. Le livre dit aussi la capacité à renaître, loin du danger. J’en ai été bouleversée.

En bref, une fiction aussi percutante, émouvante, que violente, au style incisif, rappelant parfois la plume de Philippe Besson. Une belle surprise de la rentrée littéraire, qui m’a donné envie de découvrir l’œuvre complète de Stéphanie Chaillou.
Mots-clés : séparation, famille, homophobie, secrets, fratrie
Une citation : « Assis dans le fauteuil crapaud de l’entrée de son appartement, le téléphone portable collé contre la joue, Jean-Noël avait senti son pouls s’accélérer. Ils ne s’étaient pas parlé depuis près de trente ans. Sur sa peau, les poils de ses bras s’étaient redressés. Un picotement la parcourait. Il avait laissé Michel parler. Leur père allait mal. Il devait venir. »
Quelques mots sur l’autrice : Stéphanie Chaillou est une écrivaine française, née en 1969. Son premier roman, L’Homme incertain, est paru en 2015 aux éditions Alma. Revenir à Marimbault est son quatrième ouvrage.
À lire aussi : par les thèmes qu’il aborde et son écriture ciselée, Revenir à Marimbault m’a parfois rappelé les livres de Philippe Besson. Dans Dîner à Montréal, l’auteur convoque par exemple le souvenir des retrouvailles avec un amour de jeunesse. Je vous en parlais par ici.
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