Au pays des bunkers et des pyramides – Elona Zhana
Note : 8/10
Quatrième de couverture :
Brahim ne fut pas très inspiré sur le choix de l’endroit et du moment où il est né. Sa maladresse l’a fait venir au monde dans un pays qui, sans avoir eu le temps de sortir du Moyen Age, venait de tomber pour cinquante ans sous la férule d’une des dictatures les plus impitoyables de l’Europe de l’Est : l’Albanie. Le moment n’était pas non plus très adéquat : le jour de sa naissance, les siens pleurent la mort de son frère âgé de quatre ans. Pourtant Brahim s’accroche à la vie et se fait une place dans la Kadarie, son pays sublimé par l’écrivain Ismail Kadare. Il réussit même la mission suprême de rester un homme dans un monde rempli de peur et de paranoïa. La dictature était cruelle. Sa chute et la liberté retrouvée seront chaotiques. Trouver alors un équilibre dans un pays identifié à un régime qu’on déteste est éprouvant. A bonne distance à la fois du victimisme et de la mélancolie, Brahim trouve pourtant sa voie…
“Au-dessus d’une petite colline, à droite du chemin qui mène à Valbona, se dressait une charmante maison en pierres blanches. A l’intérieur, les Z. rassemblés pleuraient leur fils âgé de 4 ans à peine. Dans les Balkans, une veillée mortuaire est le moment idéal pour élaborer des théories et des prophéties. […] On prend des postures dramatiques, on jubile secrètement, on rit nerveusement et, quelquefois, on pleure le mort. Mais, attention, il faut garder la face. La tête haute et les épaules droites, digne à chaque instant et en toutes circonstances.”
Mon avis :
J’ai reçu Au pays des bunkers et des pyramides suite à une collaboration avec son auteure, Elona Zhana. Le roman est sorti en juin dernier aux éditions L’Harmattan. Je remercie Elona pour sa confiance.
Avec ce livre, l’écrivaine nous offre une plongée au cœur de l’histoire politique de l’Albanie, son pays natal, qui a vécu de longues années de communisme. Dans ce récit, basé entre 1946 et les années 2000, Elona Zhana nous conte l’enfance de Brahim au sein de la famille Z., son évolution et toute sa vie d’adulte dans ce climat politique compliqué.
Le moins que l’on puisse dire, c’est que la romancière albanaise a l’art de raconter. Son écriture rappelle celle de l’italienne, Elena Ferrante, où les personnages s’accumulent, les digressions aussi, mais le fil conducteur est bien mené. Le lecteur ne s’y perd pas. Entre faits politiques, et anecdotes familiales, le roman prend forme et les pages défilent.
L’histoire de Brahim et son entourage est captivante et entraînante. Dès les premiers chapitres, on envisage avec envie une adaptation cinématographique. Elona Zhana brosse les portraits de ses personnages de façon à ce qu’on s’y attache rapidement. Et c’est réussi.
Au pays des bunkers et des pyramides nous apprend énormément sur ce pays méconnu de l’Union Européenne. L’écrivaine m’a donné envie de découvrir l’Albanie, d’y voyager et surtout, d’en apprendre encore plus sur sa culture.
Ce roman est une belle surprise inattendue. Avec ce titre atypique et cette couverture un peu spéciale, j’avais quelques appréhensions au moment d’ouvrir le livre. Je ne regrette en rien sa lecture. J’ai passé un bon moment. Brahim est attachant et j’en ressors plus instruite sur le passé de l’Albanie. Je recommande.