Génération B – Chang Kang-myong
Note : 9/10
Quatrième de couverture :
Un groupe de jeunes étudiants s’appliquent à franchir les étapes selon le modèle normatif de réussite de Corée : intégrer l’une des meilleures universités puis un grand groupe comme Samsung. Mais cette génération subit un monde dans lequel les grands rêves d’autrefois n’ont pas d’équivalents aujourd’hui… Lorsque le succès leur tendra enfin les bras, la machine s’emballera : sur un site baptisé whydoyoulive.com, des vidéos de suicides sont publiées selon un agenda bien précis. Le site Internet gagne en audience et bientôt le phénomène se propage comme une traînée de poudre…
“Ce livre est l’histoire de Seyeon, de mon amie Seyeon. […] A notre époque, l’histoire de Seyeon rappelle celle de Charles Manson. Comme lui, Seyeon a dirigé une secte fondée sur une vision à la fois caricaturale et complotiste pour dénoncer la corruption du monde et inciter ses adeptes à tuer ou à se suicider. […] Seyeon était bien plus maligne et plus ambitieuse que Charles Manson, elle n’a pas choisi ses martyrs au hasard pour accomplir ce qu’elle avait décidé.”
Mon avis :
J’ai lu Génération B de CHANG Kang-myong dans le cadre d’un partenariat avec la maison d’édition Decrescenzo. Je les remercie pour leur confiance.
L’auteur coréen nous plonge dans un récit sociétal, proche du thriller psychologique, dans lequel de jeunes étudiants sud-coréens, désabusés de ne pas pouvoir trouver un emploi stable après de longues études, préfèrent se suicider. Un site Internet, créé par l’étudiante pionnière en la matière, répertorie tous les textes des personnes voulant passer à l’acte.
Chang Kang-myong signe un roman noir, assez sombre mais terriblement moderne. Dans cette société asiatique où seuls comptent le travail et la réussite, les populations sont de plus en plus nombreuses, les études coûtent chères, et l’emploi manque. La pression parentale est omniprésente pour ces jeunes alors comment ne pas penser au pire ?
Génération B fait réfléchir et bouscule les consciences. A travers des personnages détestables, l’auteur imagine la démesure, le suicide filmé et encouragé sur les réseaux sociaux comme seul remède au mal-être étudiant. On peut apprécier ou non l’esprit créatif de l’écrivain, mais on ne peut en tout cas contredire le fait que cela interroge nos pensées européennes.
Quant au rythme angoissant du récit, il nous capte rapidement grâce à l’écriture de Chang Kang-myong et au choix de narration. Le drame est connu dès les premières pages, mais la manière dont il a eu lieu reste à découvrir. La pression se ressent à chaque page.
Génération B fut une très belle surprise pour moi qui ne connaît que très peu la littérature asiatique. Chang Kang-myong nous offre un conte moderne, où le pire reste à présager pour l’avenir. Son roman peut faire peur, mais il fait réagir. J’ai été très intéressée par ce sujet différent. Je recommande.