Interview d’Aurélie Delahaye pour Embrasser l’inconnu

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crédit photo Philippe Faucher

 

En mars dernier, Aurélie Delahaye publiait son premier ouvrage aux éditions Anne Carrière, Embrasser l’inconnu.

Après un coup de cœur pour cette lecture, j’ai eu envie d’interviewer Aurélie pour en savoir plus sur les motivations à écrire ce récit, et ses projets pour la suite.

Elle a accepté. Entretien.

 

 

Alors, c’est venu comme une évidence, j’ai commencé à écrire le livre qui raconterait toute cette histoire”

 

Moi : Comment en es-tu venue à l’écriture de ce livre ?

Aurélie : Tout a commencé le jour où j’ai tout quitté, Paris, mon job, mes amis, ma famille. Même si le livre est arrivé bien après. Quand j’ai décidé de partir voyager à la rencontre des gens pour essayer de transmettre de la joie, j’avais aussi dans l’idée de trouver le sens que je cherchais depuis toujours à mon quotidien professionnel.
Après un an et demi de voyage, ma vie avait tellement changé (j’étais passée d’un 30 mètres carrés à Paris à un 6 mètres carrés sur roues en pleine campagne) que j’ai ressenti le besoin fort de faire le point, de comprendre comment j’en étais arrivée là. Les gens qui suivaient mon aventure aussi, avaient le désir d’en savoir plus, certains me demandaient un livre.
J’étais dans mon camion rouge, cela faisait quelques mois que je n’écrivais plus sur internet, parce que j’avais besoin de simplement vivre le présent, mais par contre, j’avais un cahier dans lequel j’écrivais pour moi, des poésies, et un journal de bord. J’étais en train de renouer avec l’écriture, ma passion depuis toute petite, que j’avais perdue de vue. Alors, c’est venu comme une évidence, j’ai commencé à écrire le livre qui raconterait toute cette histoire.

crédit photo Anne Carrière

Moi : Quel message souhaitais-tu transmettre au lecteur avec ce récit ?

Aurélie : J’ai tenu à ne pas romancer mon histoire parce je souhaitais dire avant tout : c’est possible. C’est possible de vivre ses rêves, possible de suivre ses élans, possible qu’ils nous mènent quelque part. C’est même possible de simplement faire un pas de côté. Je ne donne aucune leçon dans mon livre, je n’apporte pas de solution, je partage simplement mon témoignage. Chacun est libre d’en faire ce qu’il souhaite. Je sais que cela donne des idées à certains lecteurs, qui quittent leur job ou embarquent dans un camion. D’autres, simplement, cultivent quelques espoirs après l’avoir lu.

Moi : Dans Embrasser l’inconnu, tu délaisses finalement ta camionnette pour devenir propriétaire d’un bien immobilier avec ton ami. Où en es-tu maintenant ? Es-tu retournée vers le nomadisme ?

Aurélie : Nous sommes toujours dans cette fermette que nous retapons patiemment. Nous prenons notre temps et apprenons à faire. Pour des anciens citadins, c’est un nouvel univers. Tout n’a pas été facile au début. Mais la nature qui nous entoure nous encourage, et à l’automne dernier, nous avons ajouté une couche d’isolation essentielle qui nous a mis à l’abris du froid pour l’hiver. C’était une grande victoire. Nous cultivons notre bonheur en même temps que notre jardin.
Nous avons aussi une très grande grange dans laquelle nous avons le projet de créer du lien via des activités artistiques, mais il va nous falloir beaucoup de temps (et de mains qui auront envie de nous aider) pour effectuer les travaux.
Un mois par an, nous quittons tout cet univers et reprenons la route, en camion, pour découvrir de nouveaux horizons.

crédit photo David Rito

Moi : Qu’est ce que t’a apporté cette expérience de plusieurs mois dans ta camionnette ?

Aurélie : Tout. Cette expérience m’a fait renouer avec l’écriture d’abord, alors que des années durant j’avais cherché, en vain, à le faire. Elle m’a donné confiance dans la vie, dans le fait de suivre mon instinct. J’ai reçu tant d’aide sur ma route ! De la part de gens qui m’étaient inconnus et qui pour certains sont devenus des amis. Et même, elle m’a menée dans des recoins où je n’aurais jamais imaginé aller. Et puis, elle m’a transmis le goût de la simplicité. Quand on goûte à cela, on n’a plus besoin que de l’essentiel.

Moi : Comment définis-tu l’intuition ?

Aurélie : Je ne sais pas… C’est une petite voix au fond de moi qui dit “c’est par là, vas-y, n’aie pas peur”. Je la suis. Pas comme une tête brûlée parce que je reste quelqu’un de rationnel et raisonnable, mais je lui fais confiance. Je crois qu’on sait beaucoup de choses au fond de nous que notre conscience n’a pas formalisées.

Moi : Quels sont tes projets (littéraires ou non) pour la suite ?

Aurélie : Je viens de finir le premier jet d’un roman qui paraîtra au printemps prochain, toujours aux Editions Anne Carrière. Et après avoir posé le dernier point, j’ai commencé à avoir d’autres nouveaux amis dans ma tête, ceux d’un prochain roman. Une pièce de théâtre aussi m’habite depuis un moment.
Je suis également en quête de partenaires pour aller mener un nouveau projet dans les écoles, collèges, lycées, EHPAD. Il y a deux ans, nous avons monté avec le Centre Social du Pays de Nexon et six adolescentes une pièce de théâtre autour des Culottées de Pénélope Bagieu. Nous sommes allés dans des centres sociaux, des collèges, EHPAD, pour créer le débat au sujet de l’égalité entre les hommes et les femmes. C’était passionnant. Les adolescents ont beaucoup d’interrogations, j’aime les aider à y répondre par eux-mêmes. Ils sont aussi remplis d’espoirs, c’est important de les aider à les cultiver. Les personnes âgées, elles, ont des choses à dire. Importantes. Parfois lourdes. Et libérer cette parole est un vrai bonheur.
Pour le reste, qui sait ? Je vis au jour le jour, avec pour guide ce que me dit mon cœur.

crédit photo Pietro Naj-Oleari

Pour lire ou relire ma chronique sur le livre d’Aurélie Delahaye, c’est ICI.

Je remercie Aurélie Delahaye pour son temps.

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