Jacky, Anthony Passeron : Mon avis
Le pitch ?
Fin des années 80, Anthony Passeron et son jumeau reçoivent leur première console, Atari 2600, au Noël de leur 6 ans.
La décennie suivante marque l’ère des jeux vidéo. Les frères occupent leur temps libre aux écrans, accompagnés de leur père « Jacky » et de leur oncle « YUL« . Manette en mains, les deux adolescents tuent l’ennui dans leur maison de l’arrière-pays niçois, et tentent d’échapper au sort familial touché par plusieurs drames.
Les points forts du livre
- l’oncle attachant : après avoir rendu hommage à son oncle Désiré dans Les Enfants endormis, Anthony Passeron explore la figure paternelle dans Jacky. Si j’ai trouvé ce père finalement peu présent – j’y reviendrai -, le personnage secondaire de « YUL« , l’oncle gamer, m’a touchée.
Ce que j’ai moins aimé
- des redites : en narrant l’abandon de son père, Anthony Passeron revient à plusieurs reprises sur l’histoire familiale, déjà racontée dans son livre précédent : la grand-mère italienne, la cousine malade, la boucherie et la vie au cœur de la vallée. Dans un texte court et épuré comme celui-ci (208 pages), j’aurais aimé que l’auteur se renouvelle.
- une structure qui s’enlise : au-delà de l’exercice d’auto-fiction répété, le mécanisme narratif est peu ou prou le même. D’un côté, l’écrivain exploite la relation père-fils au travers de leur rapport à la console de jeu. De l’autre, il documente son récit par des anecdotes liées au monde informatique. Mais le rapport entre ces deux parties est souvent ténu.
- un roman « touche à tout » : quelle que soit la thématique traitée – la disparition d’un père ou le gaming -, l’ensemble manque de profondeur, de détails et de pertinence. Anthony Passeron évoque, survole, avant de passer au sujet suivant, nous laissant une impression d’inachevé. Dans ces conditions, publier un second roman était-il vraiment nécessaire ? La question se pose.

En bref, une déception en cette rentrée littéraire. Jacky m’a fait regretter la puissance, la force et l’émotion de son grand frère. Je m’interrogerai avant de lire le prochain.
Mots-clés : consoles de jeux, père, fraternité, famille, années 90
Une citation : « Mon père a disparu en l’espace de trois consoles de jeux. Si son départ fut brutal, il ne s’est pas produit du jour au lendemain. À force d’y songer, je réaliserais plus tard qu’une série d’événements, en apparence sans relation, nous a conduits jusqu’à cette absence définitive. Elle était le résultat d’une lente déliquescence des fondations de notre famille durant les années 1980 et 1990. Cet effondrement s’est déroulé dans un monde géographique, social et technologique si lointain qu’il m’arrive de me demander si tout ceci a véritablement eu lieu. »
Quelques mots sur l’auteur : Anthony Passeron est un écrivain français, né à Nice en 1983. Publié en cette rentrée littéraire aux éditions Grasset, Jacky est son deuxième ouvrage.
À lire aussi : son premier texte, Les enfants endormis, paru aux éditions du Globe en 2022, a été récompensé par une dizaine de prix littéraires. Je n’en avais pas parlé ici à l’époque, mais je garde un souvenir marquant de ma lecture.
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