L’adieu au visage, David Deneufgermain : Mon avis
Le pitch ?
Mars 2020. La France entre dans le confinement.
Alors que le virus du Covid-19 gagne du terrain, que les masques manquent et que la mort rôde, un psychiatre se porte volontaire pour aider les soignants au sein de l’unité dédiée à l’hôpital.
Face à l’ampleur, l’incompréhension et la méconnaissance d’une telle situation, des décisions sont prises dans l’urgence. L’envoi d’un mail collectif indique au narrateur la procédure à respecter pour la toilette des défunts dont il a la charge. Des consignes établies dans un climat inédit de peur et d’absence de moyens, sans tenir compte de l’humain.
Dans ce chaos, il faut trouver du temps pour les maraudes en aide aux sans-abris, les consultations en ville, et les proches confinés et inquiets qui attendent à la maison.
Les points forts du livre
- le renvoi à la mémoire collective : rédigé à partir du carnet de bord personnel de l’auteur, L’adieu au visage retrace une période marquante de notre histoire contemporaine. Au travers son expérience, David Deneufgermain convoque nos souvenirs, des files d’attente devant les supermarchés aux applaudissements du soir, en passant par les fameuses attestations de déplacement. Sans être soignant, il est simple de s’identifier au récit du narrateur.
- une efficacité de la plume : d’un ton direct et incisif, l’écriture de David Deneufgermain souligne l’urgence et l’angoisse générale de l’époque. Si, pour beaucoup, le monde semble s’être arrêté au matin du 17 mars 2020, les mots du psychiatre rappellent la surcharge de travail, le rythme effréné et la violence auxquels a été confronté le corps médical. Happée par la fluidité du texte, j’ai terminé ma lecture en 24h.
Ce que j’ai moins aimé
- un prologue angoissant : assigné à la préparation des défunts, le psychiatre est formé par sa collègue Mireille. La scène inaugurale du roman décrit de façon précise et saisissante les différentes étapes exécutées par l’infirmière. Face à la froideur et la cruauté de ces descriptions, je n’ai pas su lire le prologue en entier.
- le récit d’un super-héros : de sa mission à l’hôpital à ses consultations privées en visio depuis sa voiture, de son implication auprès des SDF à son rôle de papa et mari prévenant, le narrateur agit tel un sauveur des temps modernes. J’ai été agacée de lire ses commentaires un poil machistes d’homme blanc privilégié. J’aurais aimé davantage de modestie dans ce que l’éditeur nomme une lutte pour prendre soin de l’autre.

En bref, un roman efficace par l’universalité de son sujet et la force de sa narration, mais pour lequel je suis restée insensible.
Mots-clés : Covid 19, hôpital, confinement, soignants, famille, sans-abris
Une citation : « Au commencement, on ne lave plus les corps, on ne les coiffe plus, on ne les habille plus, on ne les présente plus – d’accompagner les morts, il n’est plus question. »
Quelques mots sur l’auteur : David Deneufgermain est un psychiatre et écrivain français. Paru en août dernier, son premier roman, L’adieu au visage, figurait dans la première sélection du prix Goncourt 2025.
À lire aussi : Serge Joncour place également l’action de son roman Chaleur humaine durant le confinement de 2020. Je vous parlais de ma lecture par ici.
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Ce livre vous tente ?
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