Le maître des esprits – Robert de Laroche

Quatrième de couverture :

Venise, automne 1741. À quelques semaines de la fête de la Salute, la terre se met à trembler, les flots envahissent la Piazza San Marco, des incendies éclatent et un cimetière s’effondre, libérant en pleine rue, monceaux de boue et squelettes. Une atmosphère de fin du monde s’installe dans la cité des doges. C’est à ce moment qu’arrive à Venise une noble dame française, Madame d’Urfé, alchimiste et cabaliste. Elle fait venir de Prague un certain mage qui affirme pouvoir sauver la Sérénissime grâce à l’aide des esprits élémentaires. Mais qui sont vraiment ces deux personnages ?
Flavio Foscarini, un nobiluomo curieux de nature, s’interroge sur leurs intentions et décide d’enquêter, aidé par son épouse levantine, Assin, et son ami l’écrivain Gasparo Gozzi, tandis que les événements les plus dramatiques se succèdent dans une Venise en proie à la peur, aux superstitions et aux morts mystérieuses.
Après le succès de La vestale de Venise, le lecteur retrouvera le trio d’enquêteurs dans ce deuxième thriller historique qui tiendra en haleine et passionnera les amoureux de la Sérénissime en pleine glorieuse décadence.

“Devant eux, se tenait une femme assise sur une haute chaise de bois. Enfin, ce qui avait été une femme, car il n’en subsistait pratiquement que le squelette, recouvert de chair desséchée et de lambeaux de peau, à peine voilé par les restes d’un vêtement de nuit. Le visage ressemblait à celui des momies d’Egypte que des voyageurs rapportaient parfois du Levant pour enrichir les cabinets de curiosité de nobles fortunés. Une abondante chevelure blonde couvrait le crâne de l’apparition, ajoutant une touche macabre de plus à l’ensemble.”

Mon avis :

Loin d’être une avertie en littérature noire, je suis encore moins spécialiste des romans historiques. Le maître des esprits de Robert de Laroche multiplie les genres. L’auteur nous offre une enquête au 18e siècle, sous les lumières de la cité des doges. Un deuxième volume, après le succès de La vestale de Venise, paru l’an dernier aux éditions du 81.

Dans la chambre de son somptueux palais, la comtesse Contarini dal Zaffo ne trouve plus le sommeil depuis des semaines. En cause, de violents cauchemars et, selon son mari Giorgio, de mauvais esprits qui rôdent. Avec l’aide de leur ami Flavio Foscarini, le couple va faire une découverte macabre. Le squelette d’une jeune femme gît entre les murs du palais. S’agit-il d’une ancêtre de Giorgio Contarini dal Zaffo ? Qu’a-t-elle fait pour mourir seule entre ces murs ? Après une première enquête résolue avec succès, Flavio est prêt à s’engager de nouveau pour élucider ce mystère et faire que la comtesse retrouve le sommeil au plus vite…

Les romans historiques sont parfois associés à des pavés de plusieurs centaines de pages pour lesquels le courage nous lâche en cours de route. Ici, Robert de Laroche s’attèle à un récit de trois cents pages où les faits et la palette de personnages nous embarquent immédiatement. Point de description pompeuse et démesurée, le style se veut travaillé mais léger. La force du livre se puise dans la qualité de son écriture et la créativité de son auteur. J’y ai décelé aussi un peu d’humour, et de fantastique.

Derrière la fiction menée par l’enquête de Flavio Foscarini, sont dissimulés des faits de la vie vénitienne en 1740 et des protagonistes ayant réellement existé. Robert de Laroche entremêle brillamment son scénario à la réalité historique de la ville, apportant du poids au texte.

Non sans rappeler Les enfants de Venise de Luca di Fulvio (éditions Slatkine & Cie, 2018) ou les romans de Muriel Calmel, j’ai beaucoup aimé Le maître des esprits, et je prendrai plaisir à découvrir les prochains volets des aventures de Flavio Foscarini. Une belle surprise personnelle, qui va plaire à tous les amoureux d’histoire, d’Italie, et/ou de thrillers.

Le maître des esprits sera-t-il bientôt sur vos étagères ?