Le mort était trop grand – Luis Miguel Rivas
Note : 8.5/10
Quatrième de couverture :
À Villeradieuse, c’est le tout puissant don Efrem qui dicte les règles. Lorsqu’on travaille pour le Patron, l’argent coule à flots et la vie semble facile. Sauf quand on vous retrouve criblé de balles bien sûr, et qu’un ami aperçoit vos chaussures dépasser du fourgon prêt à partir pour la morgue. Celles de Chepe étaient vertes – Manuel ne peut pas les oublier – et identiques à celles que porte le jeune homme accoudé au bar à côté de lui. Incapable de penser à autre chose que ces mocassins, Manuel aborde alors leur propriétaire, et ce dernier, après quelques verres, lui avoue qu’il a une excellente adresse pour se fournir en vêtements de marque : la morgue. Les mocassins verts sont bien ceux de Chepe, et Manuel se trouve embarqué dans la combine.
Seul problème lorsqu’on achète ses habits dans les chambres froides : le mort est parfois trop grand, et ses assassins trop idiots. Manuel a emprunté les habits du mauvais cadavre et se retrouve ainsi poursuivi par deux hommes de main de don Efrem, persuadés d’avoir aperçu le fantôme de l’homme qu’ils venaient d’abattre. Ou peut-être a-t-il survécu ? Le Patron ne peut se permettre ce genre d’approximations, le problème doit être réglé au plus vite, d’autant que lui-même a d’autres préoccupations bien plus importantes en ce moment : séduire l’inaccessible Lorena. Elle est cultivée, délicate, il va devoir mettre toutes les chances de son côté. En prenant des cours de culture générale par exemple. À Villeradieuse, on est prêt à tout pour plaire – découvrir les règles du savoir-vivre et même dépouiller les morts.
Fresque drolatique et effrénée, Le mort était trop grand aborde le sujet de l’extrême violence des narcotrafiquants colombiens à travers le prisme de la comédie. Luis Miguel Rivas, avec son incontestable talent de conteur, se révèle ici maître de l’humour noir.
“Ces shoes, c’était le dernier souvenir que j’avais de Chepe. Hyper chère, dégaine, elles vous filaient une classe internationale à Villeradieuse en ce temps-là. Je les avais vues passer même pas deux mois avant ce soir où j’arrivais plus à m’en souvenir : ça leur servait plus à grand-chose d’être brillantes, trop belles et stylées avec leur bout arrondi pointé en l’air, sur des pieds raides que je perdais lentement de vue jusqu’à ce qu’ils disparaissent totalement dans le fourgon de la mort.”
Mon avis :
Pour le quatrième opus de la collection En lettres d’Ancre* des éditions Grasset, j’ai lu le roman Le mort était trop grand de Luis Miguel Rivas. Une occasion rare pour moi de découvrir la littérature colombienne.
L’écrivain nous embarque à Villeradieuse, où la guerre entre narcotrafiquants fait rage entre, d’un côté le grand Don Efrem et ses hommes, et de l’autre Moncada, ancien complice de celui-ci. Manuel, le jeune narrateur, rêve un jour de travailler pour celui que tout le monde appelle Le Patron. En attendant, il enchaîne les petits boulots, jusqu’à ce que son chemin croise la belle Lorena, une jeune femme qui connaît bien Le Patron…
Sur fond de meurtres en tout genre, de trafic de drogues, d’attentats à la pelle, Luis Miguel Rivas nous livre un récit drôle et tendre à la fois. Son personnage principal, Manuel, dont on ne connaît pas trop l’âge, est dépeint comme quelqu’un de très attachant. Naïf, plein d’humour et incontestablement bon, il donne envie de le protéger de toute cette violence ambiante.
A travers cette histoire touchante, c’est un vrai cri d’alerte que lance l’auteur colombien. La mort est monnaie courante dans ce pays d’Amérique Latine, où, encore aujourd’hui, les narcotrafiquants font la loi. Il se sert de l’humour pour dénoncer ces excès.
A noter, le très bon travail de traduction fait par Amandine Py, qui a su mettre en valeur la grande plume de cet écrivain. Il excelle dans l’art de raconter.
Si vous aimez l’humour noir, Le mort était trop grand est pour vous 😉 Dites moi en commentaire ci-dessous si vous l’avez lu et ce que vous en avez pensé !
*J’ai reçu Le mort était trop grand dans le cadre du partenariat “En lettres d’ancre” que nous avons plusieurs blogueurs et moi-même avec les éditions Grasset pour l’année 2019. Le but de ce projet est de recevoir un livre par mois dans la section “littérature étrangère” et de partager notre avis (positif ou négatif) sur les réseaux sociaux.