Les certitudes, Marie Semelin : Mon avis

Semelin Marie - Éditions : JC Lattès
8Commentaires

Le pitch ?

Entre son statut de pigiste et le coût de la vie parisienne, Anna a choisi de cohabiter pour se loger sans se ruiner. En fouillant les petites annonces, la vingtenaire tombe sur la proposition de Madame Simone, soixante-dix ans : « Loue chambre prix modeste contre menus services ».

Quatre ans plus tard, poussées par des passions communes et malgré leur écart d’âge, les deux colocataires ont tissé des liens amicaux et profonds. À tel point qu’en l’absence de famille et de proches, la septuagénaire confie à Anna son désir d’être enterrée à Jérusalem lorsque le moment sera venu.

La journaliste respectera-t-elle le souhait de la vieille dame ?

 


Les points forts du livre

  • un acte militant : à travers le destin de Madame Simone, née en 1948 sur le territoire palestinien, Les certitudes revient sur l’histoire d’Israël, traitant une partie du conflit actuel. Sans pour autant prendre position, l’écrivaine décrit une population terrorisée, et fatiguée de cette guerre qui dure depuis des décennies. Utiliser la fiction pour narrer l’actualité est essentiel pour ne pas oublier. En cela, j’ai trouvé le premier roman de Marie Semelin nécessaire.
  • une autrice journaliste : comme son héroïne Anna (et narratrice par endroits), Marie Semelin a couvert le Moyen-Orient pour différents médias. Son expérience de reporter se ressent, tant sur l’analyse, les descriptions géographiques et les détails du contexte politique.

 

Ce que j’ai moins aimé

  • un roman documentaire : passé les aventures divertissantes d’Anna et de Madame Simone à Paris, le récit bascule dans ce qui s’apparente à un reportage de terrain. Le texte foisonne alors de références historiques assez pointues. Après un premier tiers plaisant, j’ai subi ma lecture, noyée dans une densité de détails. L’alternance de narration et le ton journalistique n’ont pas aidé à me captiver.

 

 

 

En bref, un premier roman courageux, pertinent et essentiel dans le climat actuel. Avec Les certitudes, Marie Semelin rappelle la quête d’identité perpétuelle de ces peuples ennemis mais voisins.

 

Mots-clés : journalisme, guerre, deuil, Palestine, identité

Une citation : « Elle sait, déjà, la gravité de ce qui s’est passé. La gravité de ce qui va se produire. Elle sait le sang, en route pour irriguer la terre, ruisselant depuis des corps sans mémoire, sans amour, empilés les uns sur les autres. »

Quelques mots sur l’autrice : Marie Semelin est une journaliste et écrivaine française. Paru aux éditions JC Lattès, Les certitudes est son premier roman.

À lire aussi : grand reporter de guerre, Stéphanie Perez s’inspire également aussi de son expérience professionnelle pour l’écriture de ses romans. J’ai particulièrement aimé Le gardien de Téhéran dont je vous parlais par ici.

 

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Ce premier roman vous tente ?

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Commentaires (3)
@mais_oui_madame2025-09-29 19:07:55Répondre

Une de mes prochaines lectures, hate d'en discuter avec toi

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mademoisellelit2025-09-30 09:42:00Répondre

Avec plaisir pour échanger après ta lecture. ;)

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Carolina2025-08-30 07:44:50Répondre

Je suis étonnée car je viens de le finir et Ce n’est pas la vieille dame qui confie à Anna sa volonté d’ être enterrée à Jérusalem … Anna l apprend après le décès de celle ci … et justement en est très choquée … avez vous vraiment lu le livre ?

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mademoisellelit2025-08-30 09:10:12Répondre

Bonjour,
Oui, je vous confirme avoir bien lu ce livre, comme tous les autres chroniqués sur ce blog depuis 8 ans. Je vous invite à relire la page 18 du roman, dans laquelle Anna raconte le moment où Madame Simone lui parle de cette idée d'enterrement à Jérusalem. Voici le passage exact : "Elle ne m'a pas dit bonjour ni rien. Quand la porte a fini de claquer elle la lancé comme ça, "warde, je veux être enterrée à Jérusalem".

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mademoisellelit2025-08-30 09:21:56Répondre

Je vous invite aussi à lire d'autres retours de lectrices, qui confirment mes propos sur ce point. ;)

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Sylvie2025-08-30 09:26:36Répondre

Je me permets d’intervenir. Relisez le livre , vous vous trompez . Anna le sait et ne dit rien . Mais le consistoire central connaîssait ses volontés , elle est donc déterrée et le corps transporté en Israël - page 55 , on lui fit qu’on ne crache pas sur la volonté d un mort -
Beaucoup aimé ce livre qui remet de la vie dans ces territoires

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Marine2025-08-28 18:03:15Répondre

J'ai du mal avec les livres qui sortent maintenant sur la Palestine. Surtout si on sent que l'autrice "ne prend pas position". Je trouve que c'est "surfer" sur un sujet qui est plus que dramatique. On ne parle pas d'une guerre entre voisins mais bien de gens de différents pays qui sont venus coloniser la Palestine il y a plus de 75ans et qui depuis dépouillent les palestiniens de leur maison, leur histoire, leurs biens en plus de commettre des exactions tels que les viols, les crimes etc. Ne pas se mouiller alors que des dizaines de livres historiques sont sortis, que toutes les organisations humanitaires et La Cour internationale de Justice disent les termes depuis des mois, c'est un peu hypocrite. Selon moi, c'est délicat d'écrire sur un sujet aussi brûlant actuellement, de faire parler des personnages et de leur prêter des émotions et des mots, lorsqu'on n'est pas directement concerné - être journaliste ne suffit pas... Ce n'est que mon avis mais je trouve qu'il y a quelque chose de malsain et d'irrespectueux dans cette démarche.
Bref, je passe clairement mon chemin et je préfère relire des auteurs et autrices palestiniens (Susan Abulhawa )
Merci pour ton retour !

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mademoisellelit2025-08-29 09:29:31Répondre

Je comprends ton point de vue Marine, même si je ne le partage pas.
Ne maîtrisant pas le sujet, je trouve bien qu'une journaliste s'en empare pour en faire une fiction. Comme tu le dis, c'est si sensible et si brûlant que prendre position pourrait, à mon sens, desservir son propos. Contrairement à beaucoup d'autres, elle a le mérite et le courage, à travers son héroïne, de dénoncer le conflit.

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