Nos insomnies, Clothilde Salelles : Mon avis

Clothilde Salelles - Éditions : L'arbalète
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Le pitch ?

Un secret réunit cette famille de banlieue, à la fin des années 1990. Au cœur de la nuit, l’insomnie surgit. Pour le père, la mère ou l’aînée de 9 ans, chaque soir, la rengaine est la même.

Le jour, il faut faire face. Sans bruit, la routine reprend. Le chien, le télétravail, l’école, le lotissement… Derrière le tabou de ces nuits sans sommeil, un drame se devine, silencieux et libérateur.

 

 

 

 

 

Les points forts du livre

  • un texte singulier : au-delà d’une grande maîtrise de la langue, Clothilde Salelles déploie un univers unique et drôle, faisant écho au jeune âge de sa narratrice. journédificil, cequisépassé, maldedos ou encore chutpapadort parsèment le récit. Derrière ces néologismes, le quotidien atypique de la famille se dessine. Et la place oppressante du père questionne.

 

Ce que j’ai moins aimé

  • un vocabulaire académique : passée l’admiration de la qualité littéraire du roman, j’ai regretté la présence d’un lexique complexe. Contrairement à la compréhension du sens général, le confort de lecture en a parfois été entaché.
  • un rythme lent : après un début encourageant, l’intrigue se perd dans la description banale du comportement répétitif de la famille. Il m’a fallu attendre la seconde partie (page 119) et un sursaut dans l’histoire pour m’encourager à terminer Nos insomnies. Amateurs de rebondissements à foison, vous voilà avisés !

 

 

En bref, un premier roman sur lequel je fondais énormément d’espoir après la critique dithyrambique d’Augustin Trapenard sur le plateau de La Grande Librairie. J’ai aimé le reflet qu’offre l’ouvrage sur les années 90, la force du témoignage de l’héroïne après la catastrophe et le ton original de la plume de Clothilde Salelles. Mais l’ensemble manque à mon sens de puissance et de sensibilité.

 

Mots-clés : insomnie, famille, silence, tabou, deuil, lotissement, chien.

Une citation : « Comme toutes les familles, nous avions un secret. Ce secret, c’était que la nuit, nous ne dormions pas. L’insomnie, tel un mauvais sort, glissait les uns vers les autres. Le soir, dans ma chambre oblongue, recroquevillée tout au fond de mon lit, je sentais mes yeux se dissoudre sous mes paupières, les relents rances du tissu trempé de sueur envahir mes narines et les murs lisses de la pièce se rapprocher de moi. »

Quelques mots sur l’autrice : Clothilde Salelles est chercheuse en sociologie politique. Nos insomnies est son premier roman.

À lire aussi : dans la même collection L’arbalèteGallimard, je vous recommandais Alors c’est bien de Clémentine Mélois en décembre dernier. Un magnifique coup de cœur à retrouver par ici.

 

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Ce premier roman vous tente ?

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Commentaires (2)
Delphine2025-04-24 14:14:13Répondre

Je vous remercie pour vos avis qui me permettent d'éclairer ma lecture de Nos Insomnies.
Une semaine après sa lecture, je dois reconnaître que le roman dans sa conception et sa forme et très intelligent.
J'ai trouvé les descriptions précises pertinentes, car beaucoup sont basées sur la description des sonorités.
Les néologismes aident à accentuer la particularité familiale et donnent à voir l'étouffement créé par le père, au prénom jamais nommé.
Enfin, l'enfermement est aussi accentué par les lieux carrés qui s'accumulent au fil de la narration.
Le cagibi, la maison, la voiture, la haie, les immeubles prêts à venir ensérer davantage cette famille, le Mobil home des vacances.
Bref, même si je reconnais que le récit peut sembler manquer de dynamique, je crois qu'il sert le propos de l'auteure.
Mais j'entends tout à fait vos points de vue.

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Amandine2025-02-24 08:51:07Répondre

Coucou Maïté
Dommage pour moi, et malgré en effet le discours tenu par Augustin Trapenard, j'ai l'impression d'être totalement passée à côté de ce livre. Certes j'ai tenu à le terminer, j'ai été attirée par cette forme de "tension", mais je n'ai pas été plus touchée que cela, malheureusement. Mais je tiens toutefois à saluer le travail de l'auteure et j'espère qu'elle poursuivra dans l'écriture !

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mademoisellelit2025-02-25 11:06:49Répondre

Une fois de plus, nos avis se rejoignent Amandine. ;) Comme toi, j'ai été plus sensible à la forme qu'au fond de l'histoire...

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