Shell Shock, Michaëla Watteaux : Mon avis
Le pitch ?
Paris, 1925. Les demoiselles du téléphone lancent une grève inédite à la Centrale Gutenberg pour protester contre leurs conditions de travail. Jeanne Duluc, journaliste militante, infiltre alors les locaux pour y écrire un article. Quelques jours plus tard, Tatiana, employée téléphonique, est brutalement assassinée.
Très vite, l’affaire est rattachée à celle du « Tueur des Halles », gérée par l’inspecteur Paul Varenne. Mais sous l’emprise de la cocaïne et de l’opium après ses blessures de guerre, Varenne saura-t-il mener son enquête et éviter un second meurtre ?
Les points forts du livre
- un décor inspirant : déployant son intrigue au cœur des années folles parisiennes, Michaëla Watteaux dépeint une capitale en effervescence. Si les traumatismes de 14-18 se lisent encore chez certains, artistes, écrivains, musiciens enflamment la ville. De Joséphine Baker à Cocteau, de Colette au peintre Souline, le livre regorge de personnalités et de références culturelles. En lieu et place, la Centrale Gutenberg, méconnue aujourd’hui, mais surtout les célèbres Halles, ventre de Paris à l’époque.
- un texte riche : avec ses près de 350 pages, Shell Shock aborde des thématiques sérieuses et variées. À travers l’investigation policière et les aventures des différents personnages, Michaëla Watteaux évoque les gueules cassées, l’homosexualité, le droit des femmes ou encore l’émergence de certaines pratiques psychiatriques. L’écrivaine déploie un roman documenté et instructif.
- un vrai divertissement : une écriture fluide portée par de nombreux dialogues, des protagonistes fragiles, engagés, terriblement attachants et des rebondissements à foison… L’ennui n’est pas permis et le rendu est surtout jubilatoire.
En bref, s’il n’a pas remporté le prix Maison de la Presse pour lequel il était sélectionné cette année, Shell Shock était l’élu de mon cœur. Un scénario original, une mise en scène recherchée, des sujets maîtrisés pour un plaisir de lecture total. Michaëla Watteaux signe un roman historique vivant, vibrant et captivant.
Mots-clés : meurtres, Paris, gueules cassées, années folles, psychiatrie
Une citation : « La guerre a non seulement lacéré les chairs, entaillé les âmes, mais elle les a aussi rendu fous. Combien ont échoué en asile, ou à la rue ? Combien de vies oubliées avant d’être des morts oubliés ? »
Quelques mots sur l’autrice : Michaëla Watteaux est une écrivaine, scénariste et réalisatrice française, née à Stockholm en 1954. Elle publie différents titres sous pseudonyme chez City Éditions, avant d’écrire Shell Shock, son premier roman historique.
À lire aussi : en 2024, Camille de Peretti remporte la 55e édition du prix Maison de la Presse pour son roman L’inconnue du portrait. Je vous en parlais dans cette chronique.
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