Interview Benedict Wells

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Il y a quelques semaines, j’ai eu la chance de rencontrer Benedict Wells pour la sortie de son dernier roman en France, Le dernier été. Je remercie toute l’équipe de Slatkine & Cie 🙂 J’ai eu l’occasion de lui poser quelques questions. Voici ses réponses 😉

Moi : Quel message avez-vous souhaité transmettre à vos lecteurs avec l’écriture de ce roman ?

Benedict : Je n’ai pas essayé de transmettre un message directement, j’ai plus tenté de faire en sorte que le lecteur puisse ressentir les personnages, les observer et relier leurs vies à la sienne. Le dernier été traite des conséquences que pourraient avoir certaines décisions et erreurs dans notre vie future et de la façon dont on ne peut échapper à notre voix intérieure éternellement. Je voulais aussi poser quelques questions avec ce livre, car il est facile de dire «Carpe diem» et «Fais ce que tu veux», mais quel prix est-on vraiment prêt à payer pour réaliser nos rêves? Qu’est-on prêt à abandonner? Et qui est le plus heureux: celui qui a essayé de réaliser ses rêves et a échoué – ou celui qui n’a jamais essayé?

 

Moi : À la fin de l’histoire, vous, en tant qu’écrivain, décidez de participer en utilisant le «je». Pouvez-vous m’expliquer ce choix?

Benedict : Pour être honnête: C’était une décision que j’avais prise quand j’avais vingt, vingt et un ans. À l’époque, j’aimais l’idée de la conversation avec le narrateur et le protagoniste qui est son ami et qui se plaint peut-être de la façon dont il écrit. Mais je ne sais pas si je referais cela maintenant (sourires).

 

Moi : Avez-vous déjà rencontré un vrai professeur Beck?

Benedict : Oui et non. J’étais un bon ami d’un jeune enseignant, il m’a même inspiré un peu l’histoire. Il lisait mes premiers manuscrits et je me souviens d’une conversation avec lui pendant que je lui rendais visite. Il a dit: «Et maintenant, vous retournerez à Berlin et serez libre, alors que je resterai ici dans mon lycée jusqu’à la fin de mes jours». C’était une blague, mais avec un sourire amer, et ce sourire amer m’a beaucoup inspiré pour l’histoire. Néanmoins, cet enseignant était et est tout le contraire de Beck, parce qu’il est idéaliste et qu’il voulait vraiment devenir enseignant, il adore son travail. Mais les conversations avec lui au sujet du livre et de la vie d’un enseignant ont fait partie de ma décision d’utiliser le narrateur et le «moi» à certains moments de l’histoire.

 

 

Moi : Vous avez écrit «L’été dernier» il y a longtemps. Comment votre façon d’écrire a évolué depuis?

Benedict : À l’époque, j’étais débutant. Je n’ai jamais étudié. Je travaillais donc le jour, écrivais la nuit et lisais beaucoup. Mon premier livre “Crank” n’a subi que des refus, même de la part d’Open Mikes, et je vivais dans un très petit appartement d’une pièce, sans chauffage, avec une douche dans la cuisine et parfois sans électricité. Donc, mon deuxième roman Le dernier été devait être mon issu de secours – mais j’ai encore échoué. Les premiers brouillons étaient horribles, encore une fois, je n’avais que des refus, alors je me suis dit: si le prochain brouillon n’est pas meilleur, j’arrêterais d’écrire et j’étudierais quelque chose. Je travaillais sur ce prochain projet depuis presque un an et j’y mettais tout ce que j’avais. À la fin, il y avait 1500 pages et le titre était plus ou moins: «La dernière année». En résumé, à cette époque, je n’avais aucun réel plan d’écriture, ni beaucoup de connaissances ou d’expérience. Il s’agissait plus d’un sentiment et des personnages. Plus tard, j’ai appris à écrire d’une manière très différente, en particulier pour La fin de la solitude. Je devais devenir un écrivain totalement différent et grandir pour écrire ce roman, j’essayais d’apprendre et d’enseigner autant que possible et d’étudier des livres que j’aimais beaucoup, comme Never Let Me Go de Kazuo Ishiguro ou The Assault de Harry Mulisch. Donc, j’écris depuis quinze ans maintenant, mais je suis toujours en train d’apprendre et mes professeurs sont les livres que j’admire.

 

Moi : Quels sont vos futurs projets littéraires?

Benedict : L’intrigue du prochain livre aura lieu en 1985 dans une petite ville du Missouri. Ce roman traitera du passage de l’adolescence à l’âge adulte. Sur les premières amitiés, sur les premières expériences amoureuses et ce pur sentiment de grandeur que vous ne pouvez avoir qu’à seize ans. Mais aussi: la première mort et le moment où vous devez grandir … C’est aussi un hommage aux films de John Hughes comme Breakfast Club et des films des années 80 comme Stand By Me. Je travaille dessus depuis deux ou trois ans et je ne me suis jamais autant amusé.

 

Moi : Quels sont les écrivains français qui vous inspirent?

Benedict : J’adore les écrivains français comme Maupassant, Rimbaud, Verne, Stendhal, Balzac, Flaubert ou Camus. Dernièrement, j’ai lu un roman fantastique de Ludovic Roubaudi sur un chien de cirque («Der Hund von Balard»). La culture française a toujours eu une forte influence sur moi en tant que personne, ainsi que les films de Godard et Truffaut. J’ai même vécu plusieurs mois en France et les personnages de La fin de la solitude sont à moitié français. Mais quand j’écris, je suis peut-être plus inspiré par des auteurs anglais ou américains comme John Irving, F. Scott Fitzgerald, Carson McCullers, Kazuo Ishiguro, Michael Chabon ou John Green. J’ai toujours aimé cette manière classique de raconter des histoires.

Commentaires (1)
lewerentz2018-10-17 17:33:13Répondre

J'ai très envie de découvrir cet auteur; d'ailleurs, une amie m'a offert "Vom Ende der Einsamkeit" (son premier traduit) - mais je crains qu'elle ne surestime mon niveau d'allemand :-O

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