La collision, Paul Gasnier : Mon avis

Gasnier Paul - Éditions : Gallimard
10 / 10
5Commentaires

Le pitch ?

Lyon, quartier de la Croix-Rousse, juin 2012. Alors qu’elle se rend à vélo au centre de yoga qu’elle vient d’ouvrir trois semaines plus tôt, une quinquagénaire se fait percuter par une moto. Saïd, dix-huit ans, s’exerçait au rodéo urbain à 80km/h au volant d’une moto non immatriculée, et sans permis de conduire. La victime décèdera six jours plus tard à l’hôpital Édouard-Herriot. Elle est la mère de Paul Gasnier.

Dix ans après le drame, le journaliste part sur les traces de l’accident pour tenter de comprendre le sens de la collision.

 

 

Les points forts du livre

  • une enquête captivante : entre récit personnel et essai sociétal, La collision revient sur le choc survenu en juin 2012 rue Romarin, et reflète une part de notre société contemporaine. Grâce aux documents épluchés pour l’écriture de son livre, l’auteur raconte la rencontre de deux mondes que tout oppose. Parsemé d’extraits du procès-verbal de l’époque, le texte est rythmé, prenant et éminemment visuel.
  • le regard du journaliste : conservant sa posture de journaliste, Paul Gasnier tente de répondre à une question : alors que des dérives comme l’acte de Saïd sont régulièrement instrumentalisées par l’extrême-droite, pourquoi lui, fils endeuillé et, on l’imagine, en colère, n’a-t-il pas basculé vers les extrêmes ? L’écrivain observe, analyse et propose des réponses, sans jamais prendre parti.
  • une langue érudite : brillant exposé sur la montée de la violence en France et l’état de notre justice, La collision est aussi intelligemment écrit. Paul Gasnier livre une étude concise, précise, au langage soutenu et avec sensibilité.

 

En bref, coup de cœur pour ce récit passionnant, d’une grande qualité littéraire, aussi révoltant qu’émouvant. La collision m’a rappelé la démarche de Mathieu Palain dans son excellent Ne t’arrête pas de courir (éditions L’Iconoclaste, 2021).

 

Mots-clés : fait-divers, Lyon, rodéo urbain, accident, justice

Une citation : « La violence qui a frappé ma famille possède une généalogie, qui nous raconte collectivement. Elle a été commise par un jeune garçon dont la dérive est le produit d’une époque où les filets de la société n’accrochent plus, ne rattrapent plus, et où l’obsession de soi permet tout. Un jeune qui tue en faisant une roue-arrière à moto, ça n’existait pas il y a trente ans. Aujourd’hui, cela se produit toutes les semaines. »

Quelques mots sur l’auteur : Paul Gasnier est un journaliste français, né en 1990. Paru en août dernier, son premier ouvrage, La collision, est en lice pour le prix Goncourt des Lycéens.

À lire aussi :La collision fait partie de la rentrée littéraire 2025 des éditions Gallimard, aux côtés de La nuit au cœurde Nathacha Appanah, La forêt de flammes et d’ombres d’Akira Mizubayashi ou encore Haute-folie d’Antoine Wauters.

 

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Ce livre vous tente ?

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Commentaires (3)
Stéphanie2025-11-21 14:09:58Répondre

J'aime beaucoup ce journaliste un vrai journaliste
Et je ne doute pas que son livre soit une pépite au vu de ses reportages.
J ai hâte de le lire :)
Des bisoussss

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mademoisellelit2025-11-24 09:03:02Répondre

N'hésite pas à me faire un retour quand tu l'auras lu. ;)

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Eve2025-11-20 22:01:08Répondre

La Collision m’a franchement déçue. J’ai eu le sentiment de le lire un roman qui ne vient jamais, une
analyse qui n’accouche jamais vraiment. Gasnier est plein de bonnes intentions : vouloir se détacher des déterminismes, de son point de vue biaisé par son lien avec la victime, des classes sociales mais il ne les applique jamais réellement; il ne fait que les répéter inlassablement jusqu’à la fin.
De mon point vue, il fait preuve de beaucoup de sociologie à la Bourdieu et ça m’irrite, surtout venant de la part d’un auteur aux origines sociales privilégiées qui semble refuser de creuser en profondeur dans la complexité des acteurs du drame raconté et se contente de rester en surface des stéréotypes.
J'avais déjà des aprioris négatifs sur le livre : Gasnier est un journaliste reconnu pour un média orienté à gauche mais représenté par des bourgeois. Et ce statut se ressent énormément avec un livre qui se veut être un beau discours contre l’extrême droite mais qui est, de mon point de vue, pas assez radical et complet pour prétendre en être un.
Il n’a pas reçu de Goncourt et ça me paraît juste avec la qualité du livre qui semble plus être un brouillon, une note d’intention d’un jeune écrivain plein de vertu mais qui se perd dans cette même vertu.
Je pense sincèrement qu’il y a du potentiel. L’écriture m’est apparue comme très fine tout en étant accessible, les conversations avec les différents acteurs du drame apportent une neutralité que j’attendais d’un roman analytique. Mais la narration et l’analyse sont à revoir complètement.

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mademoisellelit2025-11-21 09:22:13Répondre

Il est difficile de changer d'avis quand on part avec un a priori. J'en ai moi-même fait l'expérience avec les livres des deux collègues de Paul Gasnier : Ambre Chalumeau et Panayotis Pascot.
Bien que négatif, merci pour votre retour détaillé de lecture, qui permet aux lecteur.rices du blog d'avoir plusieurs points de vue.

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Isabelle H2025-11-14 22:11:08Répondre

J’ai beaucoup apprécié ce livre, Paul Gasnier a su trouver le parfait équilibre entre l’enquête journalistique et les mots sincères d’un fils privé tragiquement de sa mère et qui arrive, bien des années plus tard, à la rendre vivante encore…
Pour moi, un coup de cœur dd cette rentrée littéraire

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