Ceci n’est pas mon corps – Enguerrand Guépy

Guépy Enguerrand - Éditions : Editions du rocher
7.5 / 10
3Commentaires

Quatrième de couverture :

Sous la plume d’Enguerrand Guépy, l’affaire Yves Dandonneau devient une fable grinçante haletante.

Dans la nuit du 6 au 7 juin 1987, sur une petite route de l’Hérault, une voiture percute un rocher. À l’arrivée des pompiers, elle est en flammes, et le corps à l’intérieur totalement carbonisé…
« Maintenant, il lui fallait un corps, il lui fallait de la chair à offrir à son impeccable scénario, un corps qui ne servirait plus, un corps qui serait presque son corps mais pas tout à fait, néanmoins suffisamment ressemblant pour que personne ne s’étonne, ne pose de questions, pour que tout cela s’apparente à un banal accident, un accident de rien du tout comme il en arrive tous les jours, le genre de pépin qui rythme le quotidien des urgences et fait trois lignes dans la feuille de chou locale. Mais où le trouver ? »

Un roman noir au scénario diabolique.

 

« Au Rendez-vous des Belges, brasserie populaire sise non loin de la gare du Nord, travailleurs et touristes se côtoient autour du petit café du matin. En début de comptoir, un type déguenillé chantonne du Brassens dans la quasi-indifférence générale. Sa face rougie et burinée arbore un sourire énigmatique tandis que sa tête plonge dans son Picon bière pour une longue et ténébreuse immersion. Bercé par les ondulations de sa pinte, il n’a pas remarqué le cadre supérieur qui ne cesse de le fixer avec avidité. Mais comment pourrait-il en être autrement ? Comment peut-il imaginer qu’on s’intéresse à lui ? Il appartient à une catégorie qui a quitté le cercle des humains. C’est un rebut, une forme au-delà de la défaite, un zombie qui n’a même plus la force de mordre. »

 

Mon avis :

Après un premier roman paru en 2016 aux éditions du Rocher (Un fauve, sur les dernières heures de l’acteur Patrick Dewaere), Enguerrand Guépy publie Ceci n’est pas mon corps, à retrouver dès aujourd’hui en librairie.

Après des années de dur labeur et de compétitivité au sein de son entreprise, Yves Dandonneau rêve de soleil, d’île paradisiaque, de cocotiers, et de tranquillité. Poussé par des idées romanesques, il élabore un plan macabre pour toucher le jackpot : lui qui mène une carrière brillante en assurance va souscrire divers contrats au nom de son épouse et ensuite se faire disparaître, pour que celle-ci soit juteusement indemnisée. Mais pour que le scénario fonctionne, Yves a besoin de plusieurs complices…

 

 

C’est dans un récit loufoque et décalé que nous entraîne Enguerrand Guépy. Son héros, Yves Dandonneau, personnage totalement fantasque et barré, va vite trouver les « larbins » dont il a besoin pour mener à bien sa mission. Inconscient des risques qu’il prend, il répond surtout à la soif de pouvoir dont il est victime, lui qui a toujours excellé dans les statistiques commerciales auprès de son employeur. En parallèle, l’écrivain nous présente son épouse comme une femme amoureuse, soumise et habituée à se taire, face à ce mari ambitieux. Dans le silence, elle l’aidera en lui présentant celui qui deviendra son partenaire numéro un dans l’arnaque aux assurances.

Si le début du livre se veut drôle, farfelu, absurde, on entre ensuite dans un récit noir et funèbre, nous faisant vite perdre le sourire. Car, ce que je ne savais pas durant ma lecture (je ne lis jamais la quatrième de couverture avant d’avoir terminé un ouvrage), c’est que l’auteur s’est inspiré d’un fait réel pour l’écriture de son roman. Le « vrai » Yves Dandonneau a été condamné suite à un crime commis en 1987.

Avec une deuxième partie plus sordide, Enguerrand Guépy interroge. Jusqu’où est-on prêt à aller pour l’appât du gain ? Quel est le pouvoir de l’argent ? Apporte-t-il le bonheur, même lorsqu’il est souillé ? Et derrière ces questionnements, toute la psychologie de son protagoniste désormais fragile est étudiée. Au plus bas, les souffrances de l’enfance refont surface.

Tantôt comique, tantôt nauséabond, Ceci n’est pas mon corps bouscule et interpelle. J’ai été touchée par le caractère fanatique donné au personnage de Cécile, et j’ai aimé détester Yves Dandonneau. Le texte manque parfois un peu de rythme mais l’envie de poursuivre ma lecture n’a jamais disparu, et c’est ce que j’en retiens. Je recommande pour les passionnées de faits divers en tout genre, de Faites entrer l’accusé, Perdu de vue ou Enquêtes criminelles.

 

Connaissiez-vous l’affaire Yves Dandonneau ?

 

Commentaires (2)
Valérie M2021-04-03 17:39:57Répondre

Oups ... face au crime et non "fassent"

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Valérie M2021-04-03 17:37:58Répondre

J'ai eu le plaisir de découvrir ce romain grâce au concours organisé par les éditions du Rocher avec votre collaboration sur Instagram.
Je ne connaissais pas ce fait divers, ce qui fait que j'ai été tenue en haleine par cette histoire du début à la fin.
J'ai trouvé le récit un peu plat dans la première moitié car, à mon sens, basé principalement sur les faits. J'ai par contre davantage apprécié la suite: l'incursion dans les pensées des personnages, les dialogues intérieurs et particulièrement ce moment où la victime s'adresse à ses assassins.
Petite parenthèse: j'ai été interpellée par le fait que, par moments, l'angoisse et la culpabilité envahissent le commanditaire et son complice alors que les personnages féminins paraissent plus insensibles et détachés fassent au crime.
Ce n'est pas le genre de roman vers lequel je me serais dirigée d'initiative mais j'ai passé un bon moment lecture.
Merci

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mademoisellelit2021-04-06 09:25:11Répondre

Merci Valérie pour votre retour ! C'est toujours précieux pour les lecteurs du blog d'avoir d'autres avis en commentaire ;) J'ai l'impression que ce livre vous a fait sortir de votre zone de confort et que vous l'avez apprécié donc j'en suis ravie ! J'ai trouvé intéressant de voir ce que l'auteur avait pu développer autour de ce fait réel. La deuxième partie est à mon sens également plus réussie ou plus prenante en tout cas. Merci encore.

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