La joie ennemie, Kaouther Adimi : Mon avis
Le pitch ?
Paris, novembre 2022. Comme d’autres écrivains.es avant elle, Kaouther Adimi passe une Nuit au musée. Dans le cadre de la collection du même nom, et après un premier essai au musée Picasso, l’autrice se rend à l’Institut du monde arabe, où vient de s’ouvrir une exposition dédiée à la peintre Baya.
À travers le portrait de l’artiste algérienne, Kaouther Adimi convoque les souvenirs de son arrivée en France trente ans plus tôt. Employé par l’armée pour financer ses études de journalisme, le père de l’écrivaine a choisi la ville de Grenoble pour rédiger sa thèse.
En 1994, le GIA (groupe islamiste) prend les armes en Algérie. Les violences éclatent. Le père de Kaouther Adimi refuse d’être considéré comme un déserteur. Malgré les avertissements de leurs proches sur place, la famille rentre au pays.
Les points forts du livre
- la décennie noire : de l’histoire algérienne, je connaissais surtout sa Guerre (1954-1962) enseignée à l’école, rapportée par mon grand-père soldat à l’époque, et lue dans L’art de perdre d’Alice Zeniter. Née en Algérie en 1986, Kaouther Adimi raconte le conflit civil, aussi appelé décennie noire, qui a eu lieu dans les années 90. Par son texte, j’ai découvert une autre Algérie, plus contemporaine mais toujours victime de barbarie.
- la peintre Baya : au-delà du contexte historique, l’écrivaine met en lumière le destin hors norme de cette jeune orpheline, devenue une peintre reconnue mondialement pour son travail. Amie de Matisse et de Picasso, ses aventures nous baignent dans le climat artistique de l’époque. J’en ai été très inspirée.
- le récit d’un traumatisme :La joie ennemie, c’est aussi le reflet intime et pudique d’une enfance violentée et traumatisante. Avec émotion, la romancière narre les scènes de guerre auxquelles elle a assisté, et les blessures qu’elle en garde à l’âge adulte. J’ai été touchée par son témoignage sensible et percutant.

En bref, un livre inspirant, intense, émouvant et très prenant. Une belle surprise de la rentrée littéraire, qui confirme mon affection pour la plume de l’autrice algérienne.
Mots-clés : Algérie, guerre, musée, peintre, Baya
Une citation : « À court d’argument, j’ai fini par lui reprocher de nous avoir ramenés dans la guerre. Il s’est tu un long moment, et puis, d’une voix rauque, froide, il a marmonné : « Je vous offre un pays. Ici, personne, jamais, ne vous dira que vous n’êtes pas chez vous. Bon sang, je t’ai offert tout un pays. » »
Quelques mots sur l’autrice : Kaouther Adimi est une écrivaine algérienne, née à Alger en 1986. Son premier roman, L’Envers des autres, publié en France en 2011 aux éditions Actes Sud, a remporté le prix littéraire de la vocation.
À lire aussi : l’Algérie est au cœur de l’œuvre de Kaouther Adimi. Dans Nos richesses et Les petits de Décembre, L’autrice y place son intrigue. Deux romans que je vous recommande.
____________
Avez-vous déjà lu cette écrivaine ?
____________
