Malu à contre-vent, Clarence Angles Sabin : Mon avis
Le pitch ?
Du haut de sa colline de l’Estela, aux pieds des agneaux qu’elle enterre, Malu lutte contre la solitude, l’absence des disparus et l’épuisement de ceux qui restent.
Après les obligations scolaires, l’adolescente se réfugie à la ferme, endossant parfois des responsabilités d’adulte, face à un père débordé et une grand-mère égarée.
Mère nourricière pour les brebis que la famille élève, la terre change, s’assèche, tue.
À douze ans, comment Malu peut-elle lutter contre de tels changements ?
Les points forts du livre
- une écriture : premier roman de Clarence Angles Sabin, Malu à contre-vent est porté par une plume concise, travaillée et aboutie. Avec détails et soin, l’autrice décrit la colline aveyronnaise de son enfance, la dureté du monde rural et agricole. S’il m’a fallu quelques pages pour apprivoiser l’univers, j’ai aimé sortir de ma zone de confort.
- la relation grand-mère – petite-fille : confrontée à la maladie d’Alzheimer de sa grand-mère, Malu voit disparaître le lien avec son aïeule. Sans figure maternelle au sein de la ferme, toutes deux ont appris à se protéger l’une et l’autre. J’ai été touchée par la pudeur et l’amour qui s’en dégage.
- une héroïne libre : c’est au cœur de la montagne, dans la rudesse de ses collines et le silence de ses hauteurs, que Malu se sent vivante. Au plus près des bêtes et de la terre, et loin des préoccupations attendues d’une collégienne. Clarence Angles Sabin déploie une héroïne solitaire, singulière et sombre.
Ce que j’ai moins aimé
- l’absence d’intrigue : au-delà du récit violent et de la vie quotidienne de Malu, il ne se passe pas grand-chose. À mi-chemin, un rebondissement apparaît soudain, apportant le souffle nécessaire à la fin de la lecture. Mais un voile mystérieux persiste sur le comportement étrange de la protagoniste.

En bref, un bel hommage à la ruralité et à l’héritage familial. Un roman sensible à offrir aux amoureux de la nature et du milieu agricole.
Mots-clés : ruralité, transmission, élevage, solitude, famille
Une citation : « Cette pluie, que sa grand-mère accueillait comme un mirage dans un désert estival, Manu comprenait qu’elle matérialisait une rupture. Cette terre ne voulait plus d’eux. Les humains s’étaient approprié tous ses dons, sans jamais rien lui offrir en retour. Elle rompait le pacte de confiance qu’elle avait signé avec eux. Elle n’offrait que résistance. Il n’y avait plus de retour en arrière. »
Quelques mots sur l’autrice : Clarence Angles Sabin est une coordinatrice éditoriale et écrivaine française. Son premier roman, Malu à contre-vent, est publié au Nouvel Attila.
À lire aussi : dans son roman L’âge fragile, l’écrivaine italienne Donatella Di Pietrantonio s’inspire également des paysages de montagne et du monde rural pour déployer son intrigue. Je vous en parlais en début d’année par ici.
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Ce roman vous tente ?
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