La fête des mères, Richard Morgiève : Mon avis

Morgiève Richard - Éditions : Joelle Losfeld
10 / 10
2Commentaires

Quatrième de couverture :

Une famille de la haute bourgeoisie versaillaise dans les années soixante : la vipère parfumée à L’Heure bleue, c’est la mère. Le père banquier est absent, les quatre frères se détestent. Ou bien ils s’aiment un peu, beaucoup. Ils ont faim car la mère ne veut pas qu’ils mangent. Ils ne sentent pas bon car elle leur interdit l’eau chaude, et puis à peu près tout, sauf la confession. Jacques se rebelle. Il refuse de faire sa communion solennelle et tombe gravement malade. Il veut vivre. Ce n’est pas si facile. Il faut se battre contre la maladie, contre le sort. Il faut garder l’espoir, attendre l’amour qui guérit tout. Pour accomplir ce miracle, Jacques a deux talismans : un trèfle à cinq feuilles et une graine de haricot. Quarante ans plus tard, il raconte son histoire.

 

Seconde chance.

La littérature déborde de curieuses anecdotes. Le destin du livre de Richard Morgiève en est une. Paru sous un nom de plume en 2015 aux éditions Carnets nord, La fête des mères romançait l’histoire d’un ami de l’auteur. Après un échec commercial, Richard Morgiève décide de retravailler son manuscrit, soudain interloqué par la ressemblance entre son roman et sa propre vie. Août 2023, une nouvelle version de La fête des mères paraît chez Joëlle Losfeld. Le succès est au rendez-vous.

Dupé par le manège de son aîné, Jacques pense être juif. Sans comprendre ce qui se cache derrière cet adjectif, le jeune garçon ne veut plus faire sa communion solennelle, au grand dame de sa mère, fervente catholique. Élevé au cœur de la bourgeoisie versaillaise, Jacques est le second d’une fratrie de quatre garçons. Les frères Bauchot se détestent, autant qu’ils s’adorent. Livré à lui-même face à un père banquier absent et une mère dépressive, le narrateur partage son adolescence avec la maladie.

Pendant longtemps, Jacques se refuse à aimer quiconque, vouant une totale admiration à sa génitrice. Pour finalement épouser une juive et se convertir. Kippa en main, le héros croit y voir l’aboutissement d’une vie…

 

 

« Papa et maman m’avaient raté, nous avaient tous ratés. Bruegel nous aurait peints bossus, goitreux, simiesques, les quatre frères Bauchot dansant au jardin de la honte. »

 

Dès les premières lignes, la magie opère. Les mots du narrateur, tantôt juvéniles, tantôt drôles ou émouvants, vous attrapent. Romanesque à souhait, le récit raconte le naufrage d’une famille aisée dans les années 60. Richard Morgiève décrit un héros solitaire, obnubilé par la religion bien qu’athée, prêt à tout pour les beaux yeux de sa maman et capable de tendresse uniquement avec son petit frère.

Derrière un style parfait et poétique, Richard Morgiève déploie une œuvre magistrale, à l’humour mélancolique. Le livre est jonché d’extraits magnifiques, à apprécier à voix haute pour y déceler toute la maîtrise. J’ai été subjuguée par le premier tiers du texte, porté par une plume à hauteur d’enfant.

En accordant une seconde chance à sa Fête des mères, l’auteur s’offre le roman d’une vie. Sa bibliographie compte déjà une trentaine d’ouvrages, qu’il me tarde aujourd’hui de découvrir.

 

A lire aussi : la langue de Richard Morgiève m’a rappelé celle de Frédéric Perrot dans son sublime roman Ce qu’il reste d’horizon. Souvenez-vous, j’évoquais ma lecture avec émotion par ici.

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Ce roman vous tente ?

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Commentaires (1)
Sophie2024-02-24 11:03:33Répondre

Bonjour!
Je vous remercie d’évoquer dans vos chroniques le style d’écriture; selon moi c’est essentiel pour l’appréciation d’un roman. Celui-ci m’interpelle dès lors beaucoup! Je vais retenir ce titre.
Merci également pour toutes les autres chroniques qui inspirent souvent mes prochaines lectures (ou idées cadeaux pour mes proches).
Cordialement,
Sophie

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mademoisellelit2024-03-01 09:48:53Répondre

Merci à vous pour votre confiance Sophie !

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