La jurée, Claire Jéhanno : Mon avis
Quatrième de couverture :
Anna Zeller a été tirée au sort pour devenir jurée aux assises. Une expérience aussi vertigineuse qu’inédite. Appelée à juger un couple au casier vierge dans un procès pour empoisonnement et meurtre, la jeune femme va voir resurgir son passé. Un passé qui la transporte vingt ans plus tôt, sur une aire de jeux en Bretagne. Le jour où Anna Boulanger est devenue Anna Zeller.
Les jurés ont une semaine pour décider du destin des accusés et s’emparer de leur troublante histoire. C’est aussi le temps qu’il faudra pour que bascule la vie d’Anna.
Une première œuvre lumineuse sur la recherche de vérité, les souvenirs et la fragilité des évidences.
Premier succès.
Novembre 2022, galerie Vivienne, Paris. Accoudée à la table d’un café, Claire me confie pleine d’émotion la future parution de son premier roman aux éditions Harper Collins. En début d’année, les épreuves non corrigées* arrivent dans ma boîte aux lettres. Je les dévore en 24h, avant d’apprendre que La jurée figure dans la sélection finale du prix Maison de la Presse pour lequel je suis moi-même jurée…!
Comme n’importe quel citoyen inscrit sur les listes électorales, Anna est appelée à siéger en cour d’assises du tribunal de Chartres dans une affaire d’empoisonnement. Le temps d’une semaine, la jeune femme assiste au procès accompagnée d’autres jurés et de magistrats professionnels. Son rôle : condamner ou innocenter les accusés pour le meurtre de Gilberte Gagneron.
Les témoignages à la barre ravivent en Anna des souvenirs d’enfance. Dans sa quête de vérité surgissent des questions inattendues.
« Je suis la jurée, celle qui siège immobile, celle qui doute, celle qui délibère. Dans mon tribunal résonnent des questions que l’on ne pose jamais : quelle part d’un autre portez-vous ? Qui vous a blessé ? Quel est le dernier souvenir que vous avez oublié ? À qui n’avez-vous pas dit au revoir ? Au rendez-vous des souvenirs, les absents ont toujours tort. Le vide qu’ils laissent, on le remplit de tas de certitudes qui ne ressemblent à aucune réalité. Des mensonges aux autres, et surtout à soi-même. »
A quoi reconnaît-on un « bon roman » ? A sa langue, son style, sa littérature ? A la durée mise pour engloutir les pages, affamé de connaître le fin mot de l’histoire ? A son suspens, son intrigue, le scénario ou le chemin emprunté par l’écrivain(e) ? Ou peut-être encore à sa musicalité, son ton, ce qu’il le différencie des autres livres ? Le lecteur est libre d’y trouver sa propre réponse. Le texte de Claire Jéhanno, lui, réunit tous ces éléments.
Comme beaucoup, j’ai découvert Claire grâce à son podcast littéraire PILE. Au-delà du concept innovant, j’ai aimé le timbre, les mots et la justesse de sa créatrice. Dès les premières lignes de La jurée, glissait la voix de Claire à mes oreilles. Dans l’histoire de la narratrice, je retrouvais sa plume enjouée et juste.
Dans un rythme effréné, l’autrice déploie une double enquête captivante, sans clichés. Un peu plus de trois cents pages que l’on referme trop vite, et dont on rêve déjà, comme pour PILE, à une suite…
A lire aussi : le prix Maison de la Presse 2023 a été remporté par la journaliste Adèle Bréau pour son roman L’heure des femmes(éditions JC Lattès, 2023) dont je vous parlais il y a quelques jours.
*On appelle épreuve non corrigée, ou ENC, le manuscrit brut de l’écrivain, avant sa phase de correction (par l’éditeur ou l’auteur).
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Ce livre vous tente-t-il ?
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