La république du bonheur – Ito Ogawa
Quatrième de couverture :
La vie est douce à Kamakura. Amis et clients se pressent dans la petite papeterie où Hatoko exerce ses talents d’écrivain public. Tendres, drôles ou tragiques, les destins se croisent sous son pinceau. Hatoko s’est mariée et découvre, en compagnie de Mitsurô et de sa petite fille, les joies d’être mère au sein de leur famille recomposée : elle enseigne à l’enfant l’art de la calligraphie comme le faisait sa grand-mère et partage avec elle ses recettes des boulettes à l’armoise ou du thé vert fait maison. Mais si Hatoko excelle dans l’art difficile d’écrire pour les autres, le moment viendra pour elle d’écrire ce qui brille au fond de son cœur.
“Parfois, la vie change en un clin d’œil. Mitsurô m’a portée sur son dos et moins d’un an après, nous nous sommes mariés. Au début, il n’avait été pour moi qu’une relation indirecte, le “père de QP”, avant de devenir un nom propre, “Monsieur Morikage”, puis, un beau jour, tout simplement “Mitsurô. Chaque fois que je prononce son prénom pour moi, une goutte de miel sucré coule sur mon cœur et je m’émerveille – Mitsurô, “l’enfant du miel” : cela lui va comme un gant. Sans doute qu’à sa naissance, ses parents lui ont souhaité une existence lumineuse comme le miel, un doux vœu qu’ils ont confié à son prénom.”
Mon avis :
Alors que mes doigts se posent sur le clavier pour vous parler de La république du bonheur, je prends conscience que, comme son héroïne Hatoko, je me suis versé un thé avant de me mettre à la tâche. Je suis fin prête à vous parler de ce petit bijou japonais… Pour les plus assidus, vous aurez évidemment remarqué que je n’ai pas tardée à lire la suite de La papeterie Tsubaki, dont la chronique paraissait ici il y a un peu plus d’un mois. Les deux romans peuvent se lire indépendamment l’un de l’autre.
C’est dans sa papeterie de Kamakura que nous retrouvons la jeune Hatoko. L’écrivaine publique s’est mariée à Mitsurô, et s’occupe avec bonheur de la petite fille de son conjoint, qu’elle surnomme “QP”. Après de longs moments de solitude suite au décès de sa grand-mère, Hatoko voit son quotidien se métamorphoser. Elle apprend la vie de famille et d’épouse, tout en continuant de gérer la célèbre papeterie Tsubaki. Sa relation avec QP lui donnera-t-elle envie à son tour de devenir mère, elle qui n’a pas connu la sienne ?
Si le premier opus était très axé sur la calligraphie et le travail d’écrivain public de la jeune japonaise, Ito Ogawa s’est surtout intéressée ici aux valeurs familiales, aux relations mère/fille et au deuil. En s’engageant dans le mariage, Hatoko accepte également cette petite fille, née d’une union précédente, et dont la maman a malheureusement été tuée. La transmission, la filiation, la parentalité jouent un rôle essentiel dans le récit. Les responsabilités récentes de la jeune femme éveillent en elle des démons enfouis, une préoccupation et un devoir inattendus. Aidée par la bienveillance et l’écoute de sa nouvelle belle-famille, Hatoko chemine peu à peu vers la sérénité et l’acceptation. Elle trouve sa place, et prend confiance aux côtés des siens.
Dans La république du bonheur, la cuisine et les traditions nippones tiennent aussi une place majeure. La lecture se fait papilles ouvertes, à l’affût des moindres odeurs. Avec ses mots, Ito Ogawa nous embarque avec délice dans les rues et restaurants de Kamakura. Le voyage est savoureux.
Ce livre, c’est aussi l’histoire de rencontres. Celles qui ont lieu chaque jour dans la boutique de papeterie. Les clients se racontent, dans l’espoir d’obtenir le sésame : une lettre d’Hatoko demandant un divorce, réclamant une dette ou délivrant un message d’amour.
Comme avec La papeterie Tsubaki, la romancière dresse un texte poétique où beauté et simplicité s’entrelacent. Délicatesse, grâce, douceur et pureté vous attendent dans la maison d’Hatoko.
Et vous, quel courrier auriez-vous réclamé à la jeune Hatoko ?