Le bel obus – Guillaume de Fonclare
Quatrième de couverture :
C’est l’histoire de la rencontre insolite entre un obus belliqueux et des hommes ordinaires. Qui, de l’obus fabriqué pour détruire ou du soldat sommé de tuer, est le plus humain, le plus bourreau des deux ? Lequel mène le monde ? L’homme a-t-il le monopole du destin ?
Tandis que l’obus prend rageusement la parole et traverse les décennies avec effarement, deux générations d’hommes qui ont croisé son chemin, de la bataille de la Somme à l’Historial de Péronne, vivent,
aiment et meurent, tiraillés entre doute, désespoir et optimisme.
Dans ce roman pudique et malicieux, à travers un récit qui mêle fantastique et réalisme documenté, Guillaume de Fonclare porte un regard subtil sur la tragi-comédie humaine.
“L’obus ; c’est ainsi qu’ils me nomment. Volant, planant dans l’espace, j’ai pour destination la Terre, dans le noir dessein de pulvériser toute forme inerte ou vivante. Je suis la mort et la destruction, la terreur du fantassin, qui se cache en priant que je l’épargne et se claquemure dans les abris, qu’ils soient de béton ou de fortune.”
Mon avis :
Ancien directeur de l’Historial de la Grande Guerre à Péronne dans la Somme, Guillaume de Fonclare connaît bien le sujet de son dernier roman, Le bel obus. Paru aux éditions Cours toujours en 2019, il s’agit du sixième opus de l’auteur.
Lorsqu’il est appelé dans les tranchées de la Première Guerre mondiale, Emile ne sait pas qu’il reviendra vivant de cette atroce expérience humaine, ni qu’il en rapportera un souvenir pour le moins étrange. Un obus, puissant et lourd, comme preuve, mémoire et héritage que la famille se doit maintenant de transmettre de génération en génération…
Dans ce récit à deux voix, Guillaume de Fonclare fait le choix original d’alterner sa narration, avec celle d’un obus ! Il fallait oser pour faire parler un objet. Heureusement, la réalité prend le dessus, ne laissant qu’une infime place au fantastique dans ce roman. D’ailleurs, une fois passé ce détail, l’histoire familiale d’Emile nous embarque grâce au texte poignant de l’écrivain.
Des exposés sur les deux Guerres mondiales que notre pays a subies en première partie du XXe siècle, nous en avons tous entendu ou lu, que ce soit en classe, dans la famille, à la télévision. Je suis née dans une petite ville du Nord Pas-de-Calais, détruite à 95% par les Allemands en 1918. Ma grand-mère m’a raconté des dizaines “d’anecdotes” sur la guerre 39-45 qu’elle a malheureusement connue. Comment ne pas être sensible et interpelée par le destin du héros créé par Guillaume de Fonclare, et ses proches ? Ces souvenirs refont surface à la lecture du Bel obus. La vie dans les tranchées, les courriers envoyés aux familles, les maladies, la pauvreté, mais l’amour aussi de sa patrie et l’envie de combattre pour la France.
Le bel obus est un livre très court, qui rappelle le temps qui passe, le devoir de transmission, la férocité du passé. Si je n’ai pas compris pourquoi l’auteur avait voulu mettre des mots dans la bouche de cet objet de guerre, j’ai été touchée par ces hommes et ces femmes qui se sont battus pour survivre. Une tendresse particulière se dégage des protagonistes et du langage de Guillaume de Fonclare. Un récit à découvrir, à lire pour ne pas oublier.