Une soupe à la grenade, Marsha Mehran : Mon avis
Quatrième de couverture :
Trois jeunes sœurs ayant fui l’Iran au moment de la révolution trouvent refuge dans un petit village d’Irlande pluvieux et replié sur lui-même. Elles y ouvrent le Babylon Café et bientôt les effluves ensorcelants de la cardamome et de la nigelle, des amandes grillées et du miel chaud bouleversent la tranquillité de Ballinacroagh. Les habitants ne les accueillent pas à bras ouverts, loin s’en faut. Mais la cuisine persane des trois soeurs, délicate et parfumée, fait germer d’étranges graines chez ceux qui la goûtent. Les délicieux rouleaux de dolmas à l’aneth et les baklavas fondant sur la langue, arrosés d’un thé doré infusant dans son samovar en cuivre, font fleurir leurs rêves et leur donnent envie de transformer leur vie. Marsha Mehran s’est inspirée de sa propre histoire familiale pour composer ce roman chaleureux et sensuel où la cuisine joue le plus beau rôle. S’y mêlent le garm et le sard, le chaud et le froid, tristesse et gaieté, en une alchimie à l’arôme envoûtant d’eau de rose et de cannelle. Et pour que chacun puisse expérimenter la magie de la cuisine persane, une recette accompagne chaque chapitre du livre.
De la révolution d’Iran aux petites rues d’Irlande.
Conquise par les vives couleurs et la beauté de l’illustration de la couverture, j’ai plongé avec gourmandise dans Une soupe à la grenade de Marsha Mehran. Publié initialement en 2005 en Angleterre, la traduction française de Santiago Artozqui est sortie aux éditions Picquier en 2021.
C’est un rêve de petite fille que les trois sœurs s’apprêtent à réaliser : ouvrir leur salon de thé aux saveurs persanes dans le village de Ballinacroagh. Layla, Bahar et Marjan ont fui la révolution d’Iran à la fin des années 70. Après sept années passées en Angleterre, elles débarquent en Irlande, pleines d’espoir et de joie de vivre à partager. C’est sans compter sur les méfiances des habitants du coin, qui voient leur arrivée d’un mauvais œil…
Installés depuis des années, les commerçants de la petite rue de Ballinacroagh n’ont pas l’intention de venir en aide aux jeunes sœurs. Alors que le prêtre du village pousse la porte au second jour d’ouverture, faisant de lui le tout premier client du Babylon Café, les rumeurs prennent vie de tous les côtés. Marjan, l’aînée et cuisinière, va devoir redoubler d’effort pour faire vivre son établissement.
“Dans les multiples endroits où elle avait vécu […] Marjan avait toujours planté un petit jardin d’herbes aromatiques, avec au moins un plant de basilic, un de persil, un d’estragon et un de sarriette. Même dans les sinistres appartements anglais qu’elle avait partagés avec ses sœurs pendant les sept années qui avaient suivi leur départ d’Iran, elle avait réussi à faire pousser un arc-en-ciel d’herbes aromatiques dans les pots de fleurs en céramique bleue qui s’alignaient sur le rebord de la fenêtre de sa cuisine. Professionnelle jusqu’au bout des ongles, elle n’avait jamais été tentée de laisser tomber ses cultures malgré l’abondance de pluie.”
Les saveurs des plats persans préparés avec amour par nos héroïnes n’auront pas réussi à me convaincre. Si j’ai eu l’eau à la bouche plus d’une fois en découvrant les recettes retranscrites à chaque fin de chapitre, le récit n’a su m’emporter véritablement. Pour cause, des descriptions culinaires omniprésentes, voire étouffantes. Après le célèbre nature writing*, l’écrivaine nous offre le food writing.
Heureusement, quelques anecdotes cocasses viennent apporter du souffle au texte. Les souvenirs douloureux de la fratrie lors de leur fuite du pays ponctuent le tout d’émotion.
Marsha Mehran s’est inspirée de sa propre trajectoire pour nous conter celle de Layla, Bahar et Marjan. Malgré son authenticité, j’ai manqué d’entrain pour adhérer à l’histoire. Peut-être n’était-ce tout simplement pas le bon moment pour moi de lire Une soupe à la grenade ? Je suis sûre en revanche qu’il peut plaire au plus grand nombre.
Un roman sur la révolution d’Iran à me recommander ?