Mon vrai nom est Elisabeth, Adèle Yon : Mon avis
Le pitch ?
Arrivée à l’âge adulte, la narratrice s’interroge sur son histoire familiale et, plus particulièrement, le destin de son arrière-grand-mère Betsy.
Entre le suicide d’un grand-oncle, les non-dits et les fausses croyances, l’autrice a peur de devenir folle, comme son aïeule avant elle internée pour schizophrénie.
Puisque ses questions ne trouvent pas de réponses dans son entourage, la jeune femme entreprend de fouiller le passé…
Les points forts du livre
- une forme hybride : Mon vrai nom est Elisabeth mêle la retranscription de mails, notes vocales, dialogues, correspondances, articles ou encore de photos. Parfois, Adèle Yon intervient, témoignant de l’avancée de son enquête. Nous assistons petit à petit à l’assemblage du dossier, rempli de pièces à conviction. Ce patron original est une des forces du livre. Il ne ressemble à aucun autre. J’y ai trouvé un côté ludique, qui a immédiatement attisé ma curiosité.
- un texte addictif : cet ensemble donne du rythme à l’histoire. Nous sommes aux côtés de l’autrice, et comme elle, nous sommes impatients d’avancer dans l’enquête. Captivée, j’ai dévoré les 400 pages sans m’en rendre compte.
- un témoignage essentiel : en racontant le parcours tragique d’Elisabeth, Adèle Yon dénonce les actes de lobotomie effectués en France sur des dizaines de malades. Derrière les faits, la colère de l’écrivaine se devine. Sa rage est contagieuse et capitale. La narratrice brise les tabous sur la santé mentale, et réhabilite son ancêtre, oubliée, cachée et effacée au fil des années.
En bref, LE livre phénomène de ce premier semestre, au succès retentissant et justifié ! Un ouvrage inédit, entre essai et récit personnel. Une lecture importante, à transmettre, sur les secrets de famille, la maladie mentale et les violences faites aux femmes. COUP DE CŒUR !
Mots-clés : enquête familiale, femmes, santé mentale, lobotomie, médecine
Une citation : « Il est des établissements qui sont comme des familles et des familles qui sont des établissements. Des établissements qui sont des familles, je n’y crois pas trop, par contre des familles qui sont des établissements, ça j’y crois beaucoup. Des familles où une organisation est faite en dehors de l’affect. Des mécanismes d’autorité, des valeurs bourgeoises où l’émotion, la parole, n’ont aucune place… »
Quelques mots sur l’autrice : Adèle Yon est née à Paris en 1994. Elle est normalienne, chercheuse, et cheffe de cuisine entre la capitale et la Sarthe. Mon vrai nom est Elisabeth est son premier ouvrage. Il a déjà remporté le prix essai France Télévisions, le prix littéraire du Nouvel Obs, le grand prix des lectrices ELLE et le prix Régine Deforges.
À lire aussi : dans son roman, Le bal des folles, Victoria Mas évoquait l’enfermement des femmes à la santé mentale fragile et les nombreuses expériences effectuées sur leurs corps, au 19e siècle et début du 20e à Paris. Je vous parlais de ma lecture dans cette chronique.
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