Une heure de ferveur, Muriel Barbery : Mon avis
Quatrième de couverture :
En regardant la neige se poser sur les pierres d’un torrent, le jeune Haru Ueno pressent que sa vie va s’inscrire sous le signe de l’harmonie : rechercher, capter, servir et honorer la beauté des formes. Il quitte ses montagnes natales de Takayama, se passionne pour l’art, s’impose comme un marchand renommé. Aussi chaleureux qu’indépendant, toujours entouré d’amitié, Haru s’adonne pleinement au bonheur des rencontres, des fêtes au lendemain desquelles il est de retour dans sa maison dont le coeur abrite un érable et qu’entourent temples et jardins de Kyoto. De ce lieu rare, il a fait un havre. Il veut y passer une vie lumineuse, ignore combien elle sera empreinte de drames où, à la douleur du Japon, se mêle sa quête fervente des métamorphoses de la beauté. Haru a une trentaine d’années quand son destin lui en offre la plus belle manifestation – et à jamais l’en prive. Car quelque part en France, fruit d’une liaison éphémère, une petite fille est venue au monde. Elle s’appelle Rose. Il lui est interdit de l’approcher, bien qu’elle incarne désormais le secret, la vérité et probablement toute l’âme de son existence.
Douceur et poésie.
En publiant Une rose seule, Muriel Barbery m’a offert l’un de mes plus beaux moments de lecture de ces dernières années. Un coup de cœur comme il en existe rarement, où l’émotion vous submerge, incontrôlable. Évidemment, la parution d’Une heure de ferveur a mêlé en moi à la fois de la joie et une certaine appréhension. J’oscillais entre le bonheur de relire l’écrivaine et la peur d’être déçue. Lorsque j’ai compris que le héros de ce nouveau roman était un personnage annexe du précédent, j’ai été, je dois l’avouer, quelque peu déroutée…
En partageant les nuits d’une jeune Française à l’hiver 1979, Haru n’imagine pas le changement à venir. Quelques jours d’une passion sans lendemain auront suffi à Maud pour tomber enceinte. Le bébé va naître, elle s’appelle Rose. Mais la jeune femme interdit définitivement à Haru de reconnaître l’enfant. Le Japonais s’incline, trouvant une discrète alternative pour découvrir sa fille.
Peut-être l’aurez-vous compris, Rose est l’héroïne du livre précédent de Muriel Barbery. Au début du récit, la protagoniste se rend au Japon, invitée à découvrir le testament de son père après son décès. En imaginant la vie d’Haru dans Une heure de ferveur, l’écrivaine remonte aux prémices de l’histoire de Rose. Le point de départ : la maladie du vieil homme et sa mort prochaine.
“A l’heure de mourir, Haru Ueno regardait une fleur et pensait : Tout tient à une fleur. En réalité, sa vie avait tenu à trois fils et le dernier, seulement, était une fleur. Devant lui s’étendait un petit jardin de temple qui faisait voeu de paysage miniature parsemé de symboles. Que des siècles de quête spirituelle aient abouti à cet agencement précis l’émerveillait – tant d’efforts tendus vers une signification et, à la fin, une pure forme, pensait-il encore.”
D’abord confuse par l’abondance de personnages et les prénoms à retenir, la magie a finalement opéré grâce à la poésie de Muriel Barbery. Axé sur les relations humaines, la confiance et la fidélité, le texte se veut très émouvant. L’autrice raconte les rencontres, les amitiés et les épreuves, parfois dures, de la vie. Le livre est touchant, pas larmoyant.
Si je n’ai retrouvé la beauté des paysages japonais et les odeurs de leurs mets dans ce roman, j’ai aimé cette palette de personnages, ces parcours, la résilience de Haru et sa paix intérieure face à l’adversité. Moins imprégné de la culture nippone, l’ouvrage est une ode à la douceur et au partage.
Une jolie lecture, qui se démarque en cette rentrée littéraire.
Avant de clore cette chronique, il faut quand même que je vous précise que vous pouvez découvrir Une heure de ferveur, sans avoir lu Une rose seule. Vous pouvez même les prendre dans le désordre si ça vous chante ! Mais à votre place, je ne ferais pas l’impasse sur le livre de Rose… 😉
Une heure de ferveur de Muriel Barbery est disponible dès maintenant sur le site Maison de la Presse.
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Avez-vous déjà lu Muriel Barbery ?
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