Entre toutes les mères – Ashley Audrain
Quatrième de couverture :
Blythe Connor n’a qu’une seule idée en tête : ne pas reproduire ce qu’elle a vécu. Lorsque sa fille, Violet, naît, elle sait qu’elle lui donnera tout l’amour qu’elle mérite. Tout l’amour dont sa propre mère l’a privée. Mais les nouveau-nés ne se révèlent pas forcément être le fantasme qu’on s’est imaginé. Violet est un bébé agité, qui ne sourit jamais. Très vite, Blythe se demande ce qui ne va pas. Ce qu’elle fait mal. Si le problème, c’est sa fille. Ou elle.
Puisque Violet se comporte différemment avec son père, ce dernier met les doutes de sa femme sur le compte de l’épuisement. Sûrement parce qu’il ne peut imaginer ce qu’elle a vécu enfant. Peut-être parce que personne ne peut l’imaginer.
« Ta maison brille dans la nuit comme si tout brûlait à l’intérieur. Les rideaux qu’elle a choisis pour les fenêtres sont visiblement en lin. Un lin coûteux. Le tissage est assez lâche pour que je puisse décrypter tes émotions la plupart du temps. Je peux voir la fille secouer sa queue de cheval en finissant ses devoirs. Je peux voir le petit garçon lancer des balles de tennis au plafond haut de quatre mètre pendant que ta femme arpente le salon en leggings, réparant le désordre de la journée. Jeux rangés dans le panier. Coussins replacés sur le canapé. Ce soir, cependant, vous avez laissé les rideaux ouverts. Peut-être pour regarder la neige qui tombe. Peut-être pour que ta fille puisse guetter les rennes du Père Noël. Il y a longtemps qu’elle a arrêté d’y croire, mais elle fera semblant. Elle ferait n’importe quoi pour toi. »
Mon avis :
Doit-on être mère pour lire sur la maternité ? Doit-on avoir eu des enfants pour apprécier, comprendre et analyser ces récits de femmes ? Je n’ai pas d’enfant et je vous parle de mon coup de cœur pour Entre toutes les mères d’Ashley Audrain, paru aux éditions JC Lattès.
Quand vient le moment pour Blythe de donner la vie, les craintes de reproduire ce qu’elle a vécu enfant surgissent. Elle est pourtant comblée à l’idée de devenir maman. Mais l’amour n’est pas toujours automatique. Sa petite fille, Violet, est loin du bébé doux, apaisé et affectueux qu’elle imaginait. L’attachement va-t-il finalement éclore ?
Dans ce premier roman, l’auteure Canadienne dissèque les affres de la relations mère/fille. Blythe Connor a été abandonnée par sa mère à l’adolescence, qui elle-même, avait dû grandir sans cette figure maternelle. Malgré l’amour profond de son mari, et un épanouissement personnel, la jeune femme doute. L’abandon est-il héréditaire ?
Entre toutes les mères, c’est d’abord un page turner implacable et angoissant, traduit brillamment par Julia Kerninon. L’héroïne est narratrice et s’adresse à son mari, qu’on devine très vite dans les bras d’une autre femme aujourd’hui. Elle l’interpelle, le tutoie tout au long de son récit, incluant le lecteur dans cette intimité brisée. L’écriture d’Ashley Audrain laisse pressentir un drame, un acte fou, un basculement irréversible entre la mère et l’enfant.
Dans les traits de Blythe, c’est la blessure de l’enfance qui apparaît, la confiance rompue et un déséquilibre inquiétant. Violet, elle, est maligne, intelligente, cruelle et méchante. Elle sait les fragilités de sa mère et l’intensité de sa relation avec son père. Grâce à la plume de l’écrivaine, on entre précisément dans la psychologie de ces deux personnages.
Happée par ce texte noir et bouleversant, je n’ai pu retenir quelques larmes à sa lecture. Le sujet de la maternité est universel, que l’on soit mère ou non. Il est ici parfaitement traité. Entre toutes les mères d’Ashley Audrain m’a mis un coup au cœur. A lire inévitablement.