Intermezzo, Sally Rooney : Mon avis
Le pitch ?
Ivan et Peter, deux frères que tout oppose, se retrouvent suite au décès de leur père.
Ivan, le solitaire, est un grand joueur d’échecs à seulement 22 ans. Peter, de dix ans son aîné, s’offre un brillant début de carrière de juriste à Dublin.
En plein deuil, les deux hommes vivent des amours compliquées, et ne peuvent compter l’un sur l’autre.
Ce qui m’a gênée
- un début fastidieux : le phrasé de Sally Rooney est tellement atypique qu’il m’a fallu un (long) temps pour entrer dans l’histoire. Je connais et j’aime son écriture mais j’ai dû l’apprivoiser de nouveau pour apprécier le roman. Que ce soit pour ce livre ou les autres titres de l’écrivaine, je recommande de la lire en version originale si on en a les capacités.
Les points forts du livre
- deux héros en miroir : une fois prise dans le récit, j’ai été embarquée par le schéma narratif. Pour donner du rythme à son texte, Sally Rooney alterne les chapitres. Elle décrit en parallèle les aventures d’Ivan, puis de Peter, avant de poursuivre sur Ivan, etc.
- un duo gentil/méchant : d’un côté, l’écrivaine raconte le touchant fils cadet Ivan, sensible, fidèle et amoureux, face à son grand-frère moqueur, séducteur, bagarreur. On s’attache au premier, autant qu’on déteste le second. Peu à peu, la dualité se renforce, et on craint l’implosion…
- l’empreinte Sally Rooney : s’il traite de thématiques différentes, ce quatrième roman use de la même mécanique que ses prédécesseurs. Nul ennui pour autant. L’univers de l’autrice irlandaise se confirme. Son œuvre se construit. Déjà admirative, j’apprécie d’autant plus la diversité de son travail.
En bref, un très bon opus, sur la complexité des liens familiaux, de l’héritage et de la place d’un enfant dans une fratrie.
Thématiques abordées : le deuil, la fratrie, le sentiment amoureux, le pardon, les échecs.
Traduction : Lætitia Devaux
Une citation : “Il doit reconnaître que Peter s’est quasiment occupé seul de l’enterrement, et qu’Ivan n’a rien fait, il l’admet volontiers. Il aurait sans doute dû se montrer plus reconnaissant à ce sujet. Quant au fait que Peter prononce l’éloge funèbre et pas Ivan, c’était une décision commune. Évidemment, Ivan la regrette, il y a réfléchi, il regrette, mais sa faute, pas celle de Peter, ce n’est même pas une faute partagée, uniquement la sienne.”
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