Le chien noir, Lucie Baratte : Mon avis

Quatrième de couverture :

Il était une fois un conte obscurci, englouti par un océan de ténèbres, qui gisait tout au fond du foyer des histoires, étouffé en secret sous le gris de la cendre.
Dans un pays lointain, la jeune Eugénie est mariée de force au mystérieux Roi Barbiche par son père. Commence alors pour elle un voyage aux confins du monde, qui l’entraînera dans un château rempli de noirceur.
Pensé à la fois comme une relecture de Barbe Bleue, une réponse littéraire aux contes des Précieuses du XVIIIe siècle et aux romans magiques d’Angela Carter, Le chien noir s’inscrit dans une histoire féminine de la littérature. Celle d’Anaïs Nin, de Mary Webb, en passant par les sœurs Brontë ; des actrices qui refusent l’ordre établi et le bousculent par l’expression d’un désir éclatant. La mise en lumière de l’étrangeté personnelle devient ainsi une arme d’émancipation.

Le conte de Barbe Bleue revisité.

Devant participer à un club de lecture sur la thématique du conte, j’allais rendre visite à ma librairie pour demander conseil. J’associais ce genre aux lectures pour enfants, ou à la mythologie, et quelque chose de très éloigné de ce que j’aime en littérature. Suivant mes consignes, ma libraire a dégainé un exemplaire du Chien noir de Lucie Baratte, très enthousiaste à l’idée de pouvoir me parler de son dernier coup de cœur ! En l’écoutant argumenter, j’étais de suite plus emballée par le thème imposé de mon futur bookclub… Le chien noir est paru en 2020 aux éditions du Typhon. Il s’agit du premier roman de l’autrice.

Il était une fois une jeune princesse, nommée Eugénie, séquestrée par son père, le Roi Cruel, dans l’attente de son mariage. En écoutant les mots de son futur époux, le Roi Barbiche, la jeune princesse veut croire à sa liberté. Le lendemain, les mariés quittent le château familial, pour rejoindre le domaine du Roi Barbiche. Sur la route, Eugénie aperçoit un petit chien noir, mal en point, qu’elle convainc son mari d’adopter. La présence du chiot réconforte la jeune princesse, apeurée par cette nouvelle vie de femme mariée…

“Les étagères se prolongeaient vers l’arrière, créant un labyrinthe de panneaux et d’alcôves tapissés d’ouvrages protéiformes, du livre illustré au manuscrit ancien, du volume au codex, de l’in-duodecimo au double-éléphant-folio, enfin, sur le côté, des escaliers en colimaçon menaient aux rayonnages supérieurs qui perdaient le regard du spectateur dans la foule des dos de cuir.”

Ayant appris que le roman de Lucie Baratte revisitait l’histoire de Barbe Bleue, je me lançais dans sa lecture sans recherche préalable sur le célèbre conte. Je voulais m’éloigner de toute comparaison et de toute attente.

Dans Le chien noir, l’autrice emploie tous les codes du conte merveilleux. Chaque chapitre démarre par “il était une fois” ; le Roi Barbiche vient délivrer la jeune princesse, l’obligeant à quitter son foyer et à partir à l’aventure ; l’imaginaire se déploie grâce notamment à l’animal héros. Entre temps, notre héroïne Eugénie multiplie les péripéties et fait face à de grands dangers.

Instaurant un climat sombre et inquiétant, Lucie Baratte joue avec la tension du lecteur. L’écrivaine plante le décor, noir et gothique, semblable à l’univers de Rebecca de Daphné du Maurier. Les descriptions du lieu rappellent aussi les romans de Cécile Coulon. Les chapitres courts apportent un vrai rythme au récit.

Loin de ma zone de confort, j’ai aimé suivre les aventures mystérieuses de cette jeune princesse. J’ai été embarquée grâce à la plume de qualité de Lucie et l’ambiance ténébreuse qui parcourt le texte. La lecture de ce conte pour adulte était un vrai challenge pour moi. Je suis heureuse de l’avoir relevé !

Merci à ma libraire lilloise pour le précieux conseil. J’espère vous avoir convaincus à mon tour.

A lire aussi : pour les petits et grands enfants, Charlie Mackesy a publié L’enfant, la taupe, le renard et le cheval. Un joli conte philosophique illustré, dont je vous parlais par ici.

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