Le festin, Margaret Kennedy : Mon avis
Quatrième de couverture :
Cornouailles, 1947. Comme tous les étés, le révérend Seddon rend visite au père Bott. Hélas, son ami n’a pas de temps à lui accorder cette année, car il doit écrire une oraison funèbre : l’hôtel de Pendizack, manoir donnant sur une paisible crique, vient de disparaître sous l’éboulement de la falaise qui le surplombait. Et avec lui, sept résidents…Dans cette maison reconvertie en hôtel par ses propriétaires désargentés étaient réunis les plus hétéroclites des vacanciers : une aristocrate égoïste, une écrivaine bohème et son chauffeur-secrétaire, un couple endeuillé, une veuve et ses trois fillettes miséreuses, un chanoine acariâtre et sa fille apeurée… Le temps d’une semaine au bord de la mer dans l’Angleterre de l’après-guerre, alors que les clans se forment et que les pires secrets sont révélés, les fissures de la falaise ne cessent de s’élargir…Auteure talentueuse et espiègle, Margaret Kennedy pousse à leur comble les travers de ses personnages dans une fable pleine d’esprit et de sagesse.
Mon avis :
Sans le travail des éditions de La Table Ronde, je n’aurais jamais lu Le festin de Margaret Kennedy ! Paru pour la première fois en France en 1950, ce roman a bénéficié d’une nouvelle traduction, publiée au printemps dernier. J’ai eu le bonheur de partager ma lecture avec Floriane et le livre fait aujourd’hui partie de ma sélection de Noël pour le réseau Maison de la Presse.
L’oraison funèbre que doit rédiger le père Bott en ce mois de septembre 1947 n’est pas commune. Après l’éboulement d’une falaise dans les Cornouailles, l’hôtel de Pendizack vient de disparaître, et ses sept résidents avec… Rejoint comme chaque été par son ami le révérend Seddon, Samuel Bott lui raconte la dernière semaine de la vie du manoir.
Le couple de propriétaires, leurs enfants, les femmes de chambre, un chauffeur, trois jeunes sœurs et leur mère veuve, une écrivaine à succès… Employés et résidents se croisent sous le toit de cette grande maison d’hôte, où l’ambiance semble explosive. Les jalousies et mesquineries vont bon train entre tous. La cohabitation des vacanciers est loin d’être tranquille. Voulant terminer leur séjour en beauté, les enfants convient les adultes à un grand festin. Difficile de refuser une telle invitation après un drame évité de justesse par les fillettes…
« Il avait d’abord cru qu’il s’agissait d’une barrière formée de rocs détachés et avait essayé de la gravir. Mais il avait dû renoncer tant les pierres glissaient et dégringolaient sous ses pieds et, après avoir regagné la route, il avait pris un sentier de traverse qui cheminait entre des rhododendrons et l’avait conduit au sommet de la falaise. Là, dans un clair de lune encore voilé de poussière, il avait compris ce qui était arrivé. La falaise effondrée avait recouvert toute la plage. Il n’y avait plus trace de la maison, du petit promontoire où elle se dressait, ni de rien de ce qui avait jamais été là. »
Avec l’écriture du Festin, Margaret Kennedy s’est lancé dans un pari osé et risqué. Si l’on ne sait rien des différents protagonistes à l’ouverture du récit, l’écrivaine ne laisse aucune surprise quant à leur destin. A travers les mots du révérend Bott, le prologue révèle que tous les pensionnaires présents à Pendizack ont péri. Par un scénario rondement mené et un sens du rythme, l’autrice réussit à nous embarquer. Échanges épistolaires, dialogues, journal intime et passages narratifs animent le script.
A cela s’ajoutent un texte d’une grande qualité, une traduction sans faille et une pointe d’humour dans l’écriture. Margaret Kennedy déploie un roman scénographique, profond et fluide. Le huis-clos proposé par l’autrice, et le suspense glissé entre les lignes rappellent les livres d’Agatha Christie. Après quelques difficultés à identifier la pléiade de personnages, je n’ai plus quitté l’intrigue et les aventures délicieuses de cette pension de famille.
Une œuvre ambitieuse, dans laquelle le désir d’origine de l’écrivaine britannique était de décrire les sept péchés capitaux à travers sept héros (voir l’avant-propos du livre).
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Connaissiez-vous cet écrivaine ?
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