Le problème avec Jane, Catherine Cusset : Mon avis
Quatrième de couverture :
«Jane ne recevait jamais de paquet chez elle. Elle le prit. Solide, rectangulaire et plutôt lourd : sans doute un livre. Elle se battit contre l’enveloppe rembourrée, agrafée et collée. Elle en sortit une chemise en carton jaune. Une disquette tomba sur le sol carrelé avec un bruit sec. La chemise contenait un manuscrit en feuilles détachées. Sur la première page, elle lut :
LE PROBLÈME AVEC JANE
roman
Pas de nom d’auteur. Elle regarda l’enveloppe marron : pas de nom d’expéditeur. Le paquet avait été posté à New York cinq jours plus tôt. Elle parcourut rapidement les premières pages. Il s’agissait d’elle. Quelqu’un de bien informé. Le manuscrit comptait trois cent soixante pages et s’achevait sur cette phrase : “En bas elle trouva le paquet avec le manuscrit.”
À travers ce thriller psychologique, dans un style simple et tendu, c’est une radiographie des rapports amoureux et sociaux dans l’Amérique contemporaine que nous propose Catherine Cusset.
Catherine Cusset et ses prédilections.
Pour la troisième fois, le blog met à l’honneur un titre de Catherine Cusset. Après Vie de David Hockney et L’autre qu’on adorait, j’ai lu Le problème avec Jane, influencée par vos nombreuses recommandations. Grand prix des lectrices ELLE en 2000, ce roman est le cinquième de l’autrice et il est paru aux éditions Gallimard.
Imaginez : vous rentrez chez vous après une journée de travail harassante et découvrez, sur le palier de votre appartement, un ouvrage anonyme dont la table des matières renvoie à votre vie intime et amoureuse. Je suppose que comme Jane, l’héroïne du livre, vous seriez à la fois intrigué et inquiet de découvrir ce que ce texte renferme. La lecture du manuscrit ne pourrait attendre, et les suppositions sur l’émetteur du fameux paquet iraient bon train jusqu’au dernier chapitre…
“On tombait amoureux d’un corps et d’un visage, oui, mais d’un corps qui bougeait, qui avait une grâce et une allure, et d’un visage qui vous regardait, qui vous souriait : on tombait amoureux d’une énergie ou d’un esprit qui irradiait par ces gestes, ces yeux ou ce sourire.”
En prenant connaissance de ces feuillets, Janerevit et dissèque la complexité de ses relations amoureuses passées. Animée par le désir de démasquer l’auteur du récit, la jeune femme fait des pauses dans sa lecture, pour interroger ses proches. Ainsi, Catherine Cusset déploie son roman en deux temps : la retranscription du fameux manuscrit et les questionnements et les peurs de l’héroïne.
Fidèle à elle-même, l’autrice nous offre un texte entraînant, dynamique, rythmé par l’anonymat du narrateur et les déboires de la protagoniste. Avec aisance, elle traite de ses sujets de prédilection : l’Amour, les États-Unis ou encore le milieu universitaire – professoral (on retrouve ces thèmes dans L’autre qu’on adorait).
Les livres de Catherine Cusset ne se lisent pas, ils se dévorent ! Le plaisir reste identique à chaque fois. J’engloutis le tout en quelques heures, gagnée par la vivacité de l’écriture et les aventures de ces personnages attachants. Le problème avec Jane n’est pas mon titre préféré de l’autrice, mais il vient compléter à merveille l’œuvre littéraire d’une écrivaine française que j’aime.
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Et vous, avez-vous déjà lu Catherine Cusset ?
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