L’instant, Amy Liptrot : Mon avis
Quatrième de couverture :
Trentenaire en quête d’amour, Amy quitte les sauvages îles Orcades en Écosse pour la cosmopolite Berlin. Digital nomade, précaire, célibataire, elle fait de cette ville qui ne dort jamais le terrain de sa quête du bonheur. De boîtes de nuit en observations passionnées de la lune et de la faune sauvage urbaine, elle apprend à vaincre la solitude. Et la passion amoureuse tant attendue surgit enfin.
L’Instant porte un regard sans complaisance sur le pouvoir addictif de l’amour. Véritable manuel de survie pour les cœurs malheureux, c’est aussi une rencontre avec une génération ultra-connectée, libre et créative, qui tisse de nouveaux liens entre les êtres. Lumineux.
Poésie et modernisme.
Vous le savez, j’associe l’envie de lire un titre à l’esthétisme de sa couverture. L’illustration de L’instant, signée Mathieu Persan, a rapidement titillé mon imaginaire de lectrice. Derrière ses couleurs nocturnes, ses traits fins, j’y ai deviné un livre envoûtant et imagé. L’instant d’Amy Liptrot est le second ouvrage de la journaliste écossaise. Il est paru aux éditions Phébus en début de mois.
« Mon projet est de trouver un raton laveur et un amant. »
Amy quitte son île pour la cosmopolite Berlin, où elle espère trouver une stabilité, une liberté de corps et d’esprit, l’amour peut-être et l’apaisement. Habituée des réunions AA*, la jeune femme s’est affranchie de l’emprise de l’alcool et profite de la solitude et du calme des espaces verts de la capitale allemande. Durant son temps libre, elle cherche un raton laveur et analyse la complexité des rapports humains à l’heure des nouvelles technologies.
“Se désabonner, masquer les publications, supprimer les photos, réviser les historiques, ghoster, laisser un massage sous « vu » pendant des mois : on se fait tellement de mal les uns aux autres. La plupart des gens savent ce que c’est d’être en ligne avec le cœur en peine.”
De prime abord, la lubie de la narratrice pour le mammifère peut sembler farfelue, je vous l’accorde. Dans les mots de l’écrivaine, livrant une part intime de son passé, cette quête étrange laisse deviner des failles et des blessures. Par exemple, l’alcoolisme, rarement exploité en littérature, ici traité avec sincérité. Ou encore le célibat et une histoire d’amour avortée, dont la fin fut brutale et dévorante.
Dans L’instant, Amy Liptrot raconte ses anciens démons et l’envie folle de s’en sortir. Le temps d’une année, elle a cherché dans la faune et la flore, la beauté du vivant, voulant s’éloigner des comportements humains mécaniques et dépendants liés aux réseaux sociaux. Récit hybride et poétique, traduit par Gaëlle Cogan, il est à la fois contemporain et intemporel.
Expatriée plusieurs années en Espagne, j’ai pu expérimenter la solitude dont parle Amy Liptrot. Les images de mon séjour berlinois, au printemps 2022, ont ressurgi avec bonheur dans ma mémoire. Le texte d’Amy, bien qu’éloigné de mon histoire personnelle, a résonné en moi durant toute la lecture. Nul doute qu’il en sera de-même pour vous, tant ses thématiques en font un livre universel.
*Réunions Alcooliques Anonymes
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Connaissiez-vous cette écrivaine ?
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