Pas vu Maurice chroniques de l’infraordinaire – Laurence Hugues
Note : 7.5/10
Quatrième de couverture :
A partir des carnets retrouvés de Marie, une écriture à deux voix, deux vois de femmes, scande l’histoire du hameau et de ses habitants. Des photographies de Claude Benoît à la Guillaume accompagnent cette lecture au plus près de la matérialité de l’archive.
“Marie, elle, elle perd ses chats et ses hommes, un à un, elle met moins de haricots en bocaux, elle fait des choses qu’avant elle ne faisait pas. Piocher des fraises. Ramener des fagots de genêt. Elle perd ses hommes et son carnet se remplit. Moins elle a à faire plus elle écrit. Heure par heure, certains jours. Enfin, il y a Maurice. Le neveu, pas de son côté, du côté du mari. Il vient tous les jours. Ou presque. Elle écrit : “Vu Maurice. Pas vu Maurice.” Maurice qui bricole, qui dépanne. Maurice qui passe manger.”
Mon avis :
Laurence Hugues m’a proposé de découvrir son ouvrage original Pas vu Maurice chronique de l’infraordinaire pour vous en parler. Ce petit livre sous forme de carnet est paru aux éditions Creaphis. L’auteure a illustré ses écrits par les très belles photographies de Claude Benoît à la Guillaume.
Plutôt qu’une chronique détaillée sur la plume de Laurence Hugues et de mes impressions sur le fond de l’histoire, je vous propose aujourd’hui un article illustré, à l’image de Pas vu Maurice.
L’écrivaine, originaire d’un petit village de campagne, a retrouvé les carnets de Marie, habitante de la bourgade. Des cahiers, sur lesquels elle annotait sa vie quotidienne : les courses à faire, les gens de passage dans sa cuisine, les légumes récoltés dans le potager, le nombre de lessives effectuées… Des heures d’écriture parfois, pour combler la froide solitude de l’hiver…
La romancière se sert des écrits de Marie pour nous offrir un texte en prose sur la vraie vie. La nature, la routine d’un hameau, la tranquillité. En lisant ces deux voies qui s’entremêlent, l’accent du sud titille notre oreille. Les réseaux sociaux et la technologie d’aujourd’hui s’effacent pour laisser place au calme et aux souvenirs de notre enfance. Une madeleine de Proust, qui nous replonge au temps où Internet n’existait pas. Où les légumes venaient encore du jardin, où le partage entre voisins existaient, où régnait encore l’auto-suffisance.
Les clichés en noir et blanc, pris par Claude Benoît à la Guillaume, viennent finaliser en beauté ce projet unique. Un court moment de lecture, différent et ressourçant.