Un homme sans histoires, Nicolas Carreau : Mon avis
Quatrième de couverture :
Henri Reille a toujours préféré l’ennui aux ennuis. Quand la plupart des gens tentent par tous les moyens de se distinguer de leurs semblables, il s’ingénie à ne se différencier en rien de quiconque. Ponctuel, il quitte chaque matin à 7h52 précises le 32 rue du Lavoir à Belprat, pour être à 8h au bureau où il exerce l’expertise comptable. La seule chose en ce bas monde qui puisse lui faire perdre son sang-froid serait le vol de ses boutons de manchette légués par son grand-père. Et c’est exactement ce qui va lui arriver. Malgré lui, il commet l’irréparable et devient un fugitif. À ses trousses : un mystérieux homme au chapeau et à la gabardine qui va le traquer, des archives de Munich au bateau de fortune dont le capitaine n’a de marin que la vareuse, de Grand Central Terminal à la frontière du Mexique qu’il est le seul à franchir clandestinement dans ce sens.
Une cavale effrénée qui va enfin donner une histoire à celui qui n’en avait pas. Une épopée renversante, portée par une plume jubilatoire et un don pour le rocambolesque.
Des airs de David Foenkinos et Alexis Michalik…
Il y a deux ans, je découvrais Nicolas Carreau avec Et vous, vous les rangez comment, vos livres ? (éd. La Librairie Vuibert, 2020). Dans ce livre, le journaliste, au commande d’une émission littéraire à la radio, avait retranscrit les entretiens menés avec ses invités. Un homme sans histoires, paru aux éditions JC Lattès, est son premier roman.
Certains diront de lui qu’il n’aime pas faire de vagues ou qu’il apprécie d’être “dans la moyenne”. Henri Reille est ponctuel, “l’heure c’est l’heure ; avant l’heure c’est pas l’heure ; après l’heure c’est plus l’heure”. Il cherche la routine comme d’autres sont en quête de perpétuels mouvements. Employé silencieux de l’entreprise Pibody, Henri s’est marié à Géraldine pour “entrer dans les cases” et n’attend qu’une chose de la vie : la bière du vendredi soir à la terrasse du Cheval Blanc avec son meilleur ami Antoine.
Ce soir d’été 1995, après un malencontreux incident, Henri se retrouve avec le cadavre de l’amant de sa femme sous les bras. De peur d’être accusé de meurtre et tel un véritable spécialiste, le jeune homme décide de prendre la fuite en solitaire, direction l’Allemagne !
“La plupart des gens tente par tous les moyens de se distinguer de leurs semblables. Henri Reille, lui, s’ingéniait à ne se différencier en rien de quiconque. Il était d’une incroyable banalité et d’une modération excessive, ce qui le rendait paradoxalement fort singulier.”
D’un ton burlesque, Nicolas Carreau propose un récit d’aventure des plus loufoques et offre aux lecteurs un florilège de personnages extravagants. De rebondissements en péripéties, la fuite d’Henri l’amène à des rencontres improbables. L’auteur, empli d’imagination, déploie une traversée chevaleresque, rappelant la course interminable des héros d’Alexis Michalik dans son roman Loin (éd. Albin Michel, 2019).
Perdant parfois pied lorsque l’écrivain nous décrit les aventures maritimes de notre fine équipe de bras cassés, j’ai surtout adoré l’humour distillé dans le texte et son final inattendu. Par son écriture enjouée, Un homme sans histoires m’a fait penser aux romans tant aimés de David Foenkinos. J’y ai retrouvé un esprit “pince-sans-rire” et, derrière les traits de Henri, une personnalité de la vie quotidienne. Emportée par l’absurdité de l’histoire, j’ai aimé suivre les traces de ces compagnons de route à travers l’Océan, les États-Unis, l’Argentine ou encore le Mexique.
Un premier roman lunaire à découvrir dès aujourd’hui en librairie.