L’exception, Auður Ava Ólafsdóttir : Mon avis
Quatrième de couverture :
“Tu seras toujours la femme de ma vie“. Dans le vacarme d’un réveillon de nouvel an, Maria n’entend pas ce que Floki, son mari, lui annonce : il la quitte pour son collègue, spécialiste comme lui de la théorie du chaos. Heureusement, dans la nuit de l’hiver polaire, Perla est là, charitable voisine d’à peine un mètre vingt, co-auteur de romans policiers et conseillère conjugale, qui surgit à tout moment de son appartement de l’entresol pour secourir fort à propos la belle délaissée… Ni Perla la naine surdouée, ni Maria l’épouse idéale démunie devant une orientation sexuelle désormais incompatible, ni les autres acteurs de cette comédie dramatique à l’islandaise adorables bambins, belles-familles consternées ou complices, père génétique inattendu ne détournent le lecteur d’une alerte cocasserie de ton, d’une sorte d’enjouement tendre, de brio ininterrompu qui font de L’Exception un grand roman de la déconstruction et de la reconstruction narcissique à la portée du commun des mortels.
Bizarreries et poésie.
Arrivé dans la vie d’une lectrice à l’occasion de la Saint-Valentin, c’est cocasse pour un roman qui traite de la fin d’une histoire d’amour ! Le 14 février dernier, j’ai reçu L’Exception d’Auður Ava Ólafsdóttir par ma #bookstagrameuse préférée Lolita, qui connaît mon admiration pour l’autrice islandaise. Traduit par Catherine Eyjólfsson en 2014, il s’agit du quatrième titre de l’écrivaine paru aux éditions Zulma.
L’époux de Maria semble lui aussi avoir choisi le moment idéal pour la quitter. Coupe de champagne à la main, confiant face aux feux d’artifice de la Saint-Sylvestre, Flóki se lance : Maria est la seule femme qu’il n’ait jamais aimée mais il part. Depuis des mois, il vit le grand amour en cachette avec son collègue du même nom, celui-là même avec qui ils viennent tous les deux de célébrer la nouvelle année !
Face au choc de l’annonce, le déni s’installe. Malgré le silence de son conjoint, Maria se persuade de son retour prochain. Heureusement, la jeune femme sait compter sur l’oreille attentive et spécialiste de sa voisine de petite taille, plume pour des auteurs à succès et psychanalyste…
“Un mariage réussi ne dure pas forcément jusqu’à la tombe. La durée n’est d’ailleurs pas un gage de qualité. Une union plus courte peut donner lieu à de très beaux souvenirs, comme un feu d’artifice ou un jaillissement d’étincelles.”
Avec précision et parcimonie, l’écrivaine sème un joli grain de folie dans ce conte aux allures initiatiques. Derrière des personnages hauts en couleur – mention spéciale pour la tendre et loufoque voisine Perla – la fragilité de l’héroïne se déploie, laissant peu à peu place à sa reconstruction. Comme il arrive souvent dans les romans d’Auður Ava Ólafsdóttir, un voyage va amener Maria à déployer ses ailes…
Peu habituée à ce ton décalé, j’ai été à la fois surprise par cette nouveauté dans le récit et émue de retrouver la plume de l’écrivaine. J’ai ri à la lecture des dialogues absurdes et souri en refermant le livre, complice de cette liberté finale. Si sa poésie n’est plus à démontrer, son originalité est ici à souligner !
A lire aussi : il a marqué mon année 2019 et ma vie de lectrice, le roman Miss Islande de l’écrivaine est un vibrant hommage à l’écriture, une ode à l’amitié et à la liberté. A découvrir.
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