Sexe et mensonges, Leïla Slimani : Mon avis

Slimani Leïla - Éditions : Les Arènes
6Commentaires

Quatrième de couverture :

SEXE ET MENSONGES, c’est la parole, forte et sincère, d’une jeunesse marocaine bâillonnée dans un monde arabe où le sexe se consomme pourtant comme une marchandise. Les femmes que Leïla Slimani a rencontrées lui ont confié sans fard ni tabou leur vie sexuelle, entre soumission et transgression. Car au Maroc, la loi punit et proscrit toute forme de relations sexuelles hors mariage, tout comme l’homosexualité et la prostitution. Dans cette société fondée sur l’hypocrisie, la jeune fille et la femme n’ont qu’une alternative : vierge ou épouse. SEXE ET MENSONGES est une confrontation essentielle avec les démons intimes du Maroc et un appel vibrant à la liberté universelle d’être, d’aimer et de désirer.

 

Histoire vraie de la vie sexuelle des femmes au Maroc.

Après avoir lu Paroles d’honneuren 2017, bande dessinée adaptée du livre Sexe et mensonges de Leïla Slimani (qui avait fait l’objet d’une chronique par ici à l’époque), j’ai pu découvrir le texte original à l’occasion de sa sortie en poche* chez Collection Proche. Le moment est venu de comparer les deux ouvrages.

Engagée dans la cause féministe, Leïla Slimani a recueilli les témoignages de différentes femmes marocaines sur le sexe et leur sexualité. Prostituée, jeune étudiante, maîtresse, nounou conservatrice, femme violée ou vierge, toutes se sont confiées intimement à l’écrivaine.

Interdiction d’avorter ou de faire l’amour hors mariage, interdiction de vivre en concubinage, interdiction et punition en cas d’actes homosexuels, la loi au Maroc est dure, traditionaliste et intransigeante. Alors, derrière tous ces interdits, qu’en est-il réellement des citoyennes ? Respectent-elles toujours la législation ? Que pensent-elles de ces privations ? Et comment envisagent-elles l’avenir des droits des femmes au Maroc ? Sous l’oreille attentive de Leïla Slimani, elles racontent.

 

 

“Non seulement les droits sexuels font partie des droits humains, mais on peut considérer que c’est par le biais de la sexualité que la domination masculine s’est établie dans de multiples civilisations. Défendre les droits sexuels, c’est défendre directement les droits des femmes.”

 

Comme je me suis toujours promise d’être honnête avec vous, je dois vous avouer que je n’ai pas su de suite que Sexe et mensonges était à l’origine de la BD lue il y a quelques années ! Persuadée que l’écriture du livre était arrivée après celle de Paroles d’honneur, j’ai naturellement trouvé cela un peu redondant et sans intérêt supplémentaire. Une fois le quiproquo révélé, ma lecture a pris un autre tournant…

Si le choc, la sidération et l’émotion étaient toujours présents en redécouvrant ces récits de vie, j’aurais aimé une prise de parole plus poussée de la part de l’autrice. Leïla Slimani apporte des éléments factuels sur la situation de son pays (en donnant des statistiques par exemple), lance certains questionnements ou énonce des faits d’actualité. Pour autant, l’analyse manque à mon sens de profondeur. Aucune solution n’est proposée, envisagée.

Contrairement à la lecture du format graphique, j’ai terminé cet essai frustrée, constatant que rien ne semblait pouvoir évoluer pour ces femmes. Six ans ont passé depuis la parution de Sexe et mensonges, j’ose espérer que certaines choses ont tout de même changé pour elle entre temps…

 

A lire aussi : dans Le parfum des fleurs la nuit, Leïla Slimani livre un texte inspirant sur ses influences, son enfance au Maroc ou encore l’histoire romanesque et douloureuse de son père. Je vous en parlais par ici.

*Livre offert

____________

Ce livre vous tente ?

____________

Commentaires (2)
Michel S.2023-11-03 16:06:17Répondre

Je comprends ta déception mais Leïla Slimani ne rend-elle pas compte, en donnant peu de solutions voire d'espoir d'une condition de la femme marocaine réellement bloquée ?Tant d'espoirs ont été déçus ! S'il y a des possibilités pour des femmes courageuses de se réaliser à Casa, Rabat ou Tanger, dès que l'on s'éloigne, la situation devient difficile ,la pression de la famille demeure intense. Les Marocaines étudient plutôt mieux que leurs homologues masculins (quand on leur en laisse le droit) , elles conquièrent le marché de l'emploi, quand elles ne partent pas, le diplôme en poche, aux Etats-Unis ou en Allemagne, mais demeurent des incontournables comme le mariage, fonder une famille. D'où l'importance de soutenir les écrivaines arabes , comme tu le fais. Il y a de super plumes singulièrement au Liban. Ce sont des femmes courageuses. Michel.

Répondre




mademoisellelit2023-11-06 08:57:43Répondre

Merci pour ce commentaire pertinent. :) N'hésite pas à me donner quelques noms d'écrivaines libanaises. Je crois que je n'en ai jamais lues.

Répondre




Michel2023-11-06 14:58:45Répondre

Joumana Haddad . J'ai lu deux de ses livres : "J'ai tué Shéhérazade" et "Superman est arabe". Un mélange de férocité et d'humour détonants. C'est un personnage à la ville et par la plume !

Répondre




mademoisellelit2023-11-07 09:02:34Répondre

Merci pour ces recommandations.

Répondre




Mélanie2023-11-02 20:12:19Répondre

Curieuse de lire cet essai, je le note à l’occasion si je le trouve d’occasion ou en médiathèque

Répondre




mademoisellelit2023-11-03 15:44:59Répondre

Je compte sur toi pour me faire un retour. ;)

Répondre





Ajouter un commentaire